Publié le 04 septembre 2015
ENVIRONNEMENT
COP 21 et contributions INDC : vers un réchauffement de 3°C ?
Les contributions volontaires des États en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont insuffisantes et inadaptées, selon le Climate Action Tracker (CAT), une alliance de quatre organismes de recherche sur le climat. Selon eux, bien loin du scénario cible des 2°C, les engagements actuels des États mèneraient vers un réchauffement d’environ 3°C.

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À l’heure où les négociations pré-COP 21 qui se déroulent à Bonn, en Allemagne, semblent avancer "à pas d’escargots" comme Ban Ki-moon l’a récemment souligné, c’est un avertissement supplémentaire qu’adresse le Climate Action Tracker (CAT) dans un communiqué daté du 2 septembre.
"Les objectifs climatiques soumis aux Nations-Unies par les États conduisent à des émissions mondiales bien supérieures aux niveaux requis pour maintenir le réchauffement sous les 2°C", a déclaré ce consortium de quatre instituts de recherche sur le climat.
L’objectif des 2°C bientôt "inatteignable" ?
Selon les estimations du CAT, les contributions climatiques des États - appelées INDC (Intended Nationally Determined Contribution) - sont largement insuffisantes pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique. Le fossé entre les réductions projetées et les réductions nécessaires est de 17 à 21 milliards de tonnes pour l’année 2030.
Cela signifie que les gouvernements doivent revoir à la hausse leurs engagements afin de combler ce fossé conséquent. Pour donner un ordre d’idée, 17 milliards de tonnes de CO2, cela représente plus du tiers de nos émissions actuelles de gaz à effet de serre.
"Il est indiscutable que si la conférence à Paris se contente des engagements actuels pour 2030, maintenir le réchauffement sous les 2°C deviendra infaisable et l’objectif des 1,5°C sera hors de portée. Étant donné le niveau d’ambition des engagements, il serait préférable que les États s’engagent sur 2025", analyse Bill Hare, de Climate Analytics.
Le CAT a formulé ses premières projections en décembre 2014 à Lima, en se basant sur les brouillons des engagements européens, états-uniens et chinois (soit 51 % des émissions mondiales à eux trois). Depuis ces premières projections, les engagements pris (56 États représentant environ 60 % des émissions) n’ont quasiment pas changé la donne. Selon les calculs actuels, le réchauffement en 2100 pourrait atteindre entre 2,9 et 3,1°C.
La nécessité de revoir les ambitions à la hausse
Pratiquement tous les États ayant présenté leur contribution estiment qu’elle est "juste", "équitable" et "ambitieuse". Pourtant, sur les 15 engagements INDC examinés par le Climate Action Tracker, seules deux contributions ont été jugées "suffisantes" (le Maroc et l'Éthiopie), sept ont été jugées totalement "inadéquates" et six "moyennes". Parmi les mauvais élèves, l’ONG cite le Canada, la Nouvelle-Zélande ou encore la Russie, dont les engagements INDC sont "totalement incompatibles avec leurs objectifs à long-terme (2050)".
Pour que les "2°C"restent un objectif réalisable, le constat est donc clair : il faudra des coupes bien plus ambitieuses dans les émissions. C’est tout l’enjeu du round de négociations de Paris.