Publié le 23 septembre 2015
ENVIRONNEMENT
Climate Week New York : l’ONU lance son initiative de compensation carbone
Carbone Neutral Now ! Le nom de l’initiative sonne comme un slogan. C’est l’œuvre de l’ONU qui appelle ainsi les entreprises et les particuliers à réduire leur empreinte carbone par le biais d’un mécanisme de compensation. Une démarche lancée en pleine Climate Week de New York et juste avant l’ouverture du Sommet des Nations Unies sur le développement.

UNFCCC
Les Nations Unies et les entreprises main dans la main pour lutter contre le changement climatique. C’est l’image qu’a voulu donner l’ONU hier 22 septembre lors du lancement de son initiative Climate Neutral Now. Une initiative destinée à aider les compagnies, les gouvernements et les particuliers à réduire leur empreinte carbone. Elle a été lancée à New York, en pleine Climate Week. Il s'agit d'une semaine au cours de laquelle des colloques et des actions dédiés au climat sont organisées à l’initiative du Climate Group, une coalition de grandes entreprises, d'Etats et de collectivités locales.
Mesurer, réduire, compenser
Climate Neutral Now est basée sur 3 phases : mesurer son empreinte climatique, réduire ses émissions de gaz à effet de serre autant que possible et compenser ce qui ne peut pas être réduit. Comment ? Via un mécanisme de financement qui permet de substituer, de manière partielle ou totale, une réduction de ses propres émissions de gaz à effet de serre par une quantité équivalente de "crédits carbone" sur un autre projet, acheté auprès d’un tiers. L’objectif est de simplifier et de crédibiliser la démarche de compensation, avec la force de frappe de l’ONU.
Une plateforme en ligne permet ainsi de calculer son empreinte carbone (très simplifiée car calculée sur l’empreinte moyenne par habitant d’un pays donné) puis d’effectuer sa compensation en choisissant le type d'initiative que l’on veut financer comme des projets de reforestation, de développement des énergies renouvelables ou de capture et de séquestration de carbone (voir la liste des projets soutenus).
Pour chaque type de projet, le prix de la tonne de CO2 en dollars est indiqué. L’achat de crédit génère des revenus pour les projets et programmes existants issus du mécanisme de développement propre des Nations Unies (MDP). Un Mécanisme issu du Protocole de Kyoto qui compte plus de 7 900 projets dans 107 pays en développement. En échange, Climate Neutral Now délivre des unités de réduction certifiées des émissions (URCE). "Le système de vérification que l'ONU a maintenant mis en place garantit que toutes les unités de compensations vendues représentent des réductions d'émissions authentiques", assurent les Nations Unies.
Des retombées écologiques, sociales et économiques
Mais deux bémols tempèrent l’enthousiasme onusien, perceptible lors de la conférence de presse. Le Mécanisme de Développement Propre a déjà fait l’objet de plusieurs critiques. D’abord sur ses bénéficiaires puisque ce sont la Chine et l'Inde qui en ont majoritairement profité au détriment notamment de l'Afrique. Mais aussi sur son intégrité environnementale. Les gains importants qui en résultent poussent néanmoins les différents acteurs à sauver ce mécanisme.
Selon une étude de l’Imperial College London, citée par l’ONU, chaque tonne de CO2 compensée par le biais du MDP finance non seulement des réductions de GES, mais peut générer jusqu'à 664 dollars supplémentaires en retombées économiques, sociales et environnementales. À travers le MDP, plus de 1,6 milliard de tonnes d'émissions de carbone ont été évitées à l'échelle mondiale, tout en bénéficiant simultanément aux pays en développement, assure l'étude.
Pour l’ONU, il s’agit donc d’une "une façon positive de réduire les émissions mondiales, complémentaire aux réductions d'émissions directes, tout en en faisant bénéficier aussi le monde en voie de développement". Pour l’instant cependant, seuls 7 projets sur les 7 900 du MDP sont disponibles sur la plateforme. D’autres vont arriver progressivement est-il écrit sur le site.
La compnsation terrain glissant
Surtout, la compensation reste un terrain glissant. Et de nombreuses ONG y voient un moyen, pour les entreprises, de se dédouaner à bon compte de leur manque d’allant pour réduire plus drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre.
Les prix pratiqués sur la plateforme tendent à leur donner raison. Ainsi, si une entreprise française de 1 000 personnes veut effectuer une compensation de ses émissions annuelles via ce mécanisme, elle devra compenser 7 810 tonnes de carbone. Si elle choisit le projet de centrale de biomasse du village de Chilakapalem dans la région indienne de l’Andhra Pradesh (6MW) où l’URCE équivaut à 3,5 $ la tonne de carbone, il lui en coûtera ... 27 335 dollars. Ce qui reste modeste pour une entreprise de cette taille.
A ce stade, le mécanisme semble donc n'avoir qu'une dimension pédagogique. "Le système de crédit carbone offre une chance de compenser une partie de nos émissions que pour le moment nous ne pouvons pas compenser. Cela montre qu’il n’y a plus d’excuse pour ne pas être neutre en carbone dès maintenant", déclare Christiana Figueres, la secrétaire exécutive de la CNUCC (Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique) qui assure qu’elle même -et sa famille- utilise le système.
"Les approches volontaires comme celles-là ont un potentiel important de changement par la réduction des émissions de carbone mais aussi par l’accélération de la disponibilité des énergies renouvelables et l’amélioration des conditions de vie à travers le monde", renchérit Rob Bernard, le stratège en chef de l'environnement de Microsoft Corporation. Son entreprise fournit une aide technologique à la plateforme. D’autres entreprises comme Marks & Spencer, Sony, Adidas ainsi que plusieurs PME et associations professionnelles soutiennent l’initiative, assure l’ONU.