Publié le 23 septembre 2015

ENVIRONNEMENT

L'ONU veut embarquer les entreprises dans la lutte contre le changement climatique

Le Sommet des Nations Unies sur le développement durable s'ouvre vendredi 25 septembre à New-York. L'objectif est d'entériner un nouveau programme de développement. La lutte contre le réchauffement climatique y tiendra désormais une place centrale. Aux côtés de la centaine de leaders mondiaux attendus, Ban Ki-moon tient à mettre l'accent sur le rôle des entreprises dans ce processus.

Ban ki Moon ONU climat MONIKA FLUECKIGER NURPHOTO
Ban ki Moon veut inclure les entreprises dans la lutte contre le changement climatique.
Monika Flueckiger / Nurphoto / AFP

C'est un rendez-vous important sur le chemin vers la COP21. Le Sommet des Nations Unies sur le développement durable s'ouvre vendredi 25 septembre à New-York. Quelque 150 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus pour signer ensemble un nouveau programme de développement, qui prendra le relais des " Objectifs du Millénaire pour le développement ".

Aux côtés de ces dirigeants politiques, le secteur privé se voit accorder une place de plus en plus importante dans les enceintes onusiennes.

 

" ODD " pour Objectifs de développement durable

 

Alors que les " Objectifs du Millénaire pour le développement ", fixés il y a quinze ans, arrivent à échéance, l'ONU lance à ses membres un défi plus qu'ambitieux : " transformer notre monde " d'ici 2030.

Ces 17 nouveaux objectifs mettent particulièrement l'accent sur la lutte contre le changement climatique, qui constitue désormais une espèce de fil rouge à tous les autres ODD. Parmi ces objectifs de développement durable négociés pendant des mois, citons la nécessité de " conserver et d'exploiter durablement les océans " (n°14), l'injonction de " gérer durablement les forêts et de combattre la désertification " (n°15) ou encore celle d' " assurer des modes de production et de consommation durables " (n°12).

Ce Sommet sur le développement durable permettra de " planifier une nouvelle ère de développement durable où la pauvreté sera éradiquée, où la prospérité sera partagée et où l'on s'attaquera aux causes mêmes du changement climatique ", a résumé le secrétaire général des Nations Unies.

 

Monsanto, Total et Google invités par l'ONU

 

Au lendemain de l'ouverture de ce sommet, le même Ban Ki-moon lancera un autre rendez-vous, lui aussi organisé dans l'enceinte de l'ONU : le Forum des Nations Unies pour le secteur privé.

Un choix d'agenda qui ne doit rien au hasard. Ban Ki-moon a invité près de 200 représentants d'entreprises ou d'investisseurs privés pour en faire des acteurs à part entière de la réalisation des " Objectifs de développement durable ". Quitte à ouvrir les institutions onusiennes à des compagnies très critiquées dans ce domaine comme Monsanto ou Total.

Parmi les autres participants attendus : Google, Chanel, Benetton, Ikea ou encore Nestlé. Cette injonction faite aux entreprises de s'engager dans le processus onusien se fait de plus en plus pressante. Invitée d'un débat autour de cette question organisé à Washington mardi 22 septembre, Laurence Tubiana, l'ambassadrice de la France aux négociations climatiques pour la COP 21, a carrément plaidé pour une " innovation dans la gouvernance de l'ONU pour convier à la table des discussions le secteur privé ".

 

Les entreprises américaines moins climatosceptiques que le Congrès?

 

A ses côtés, Robert Diamond, conseiller de Barack Obama en charge de l'engagement du secteur privé, s'y est aussi montré très favorable. Pour des raisons pragmatiques : " à Washington, nous en sommes encore à discuter des preuves scientifiques du réchauffement climatique avec certains membres du Congrès qui devront éventuellement valider l'accord politique obtenu à la COP21 à Paris. Au contraire, il y a un consensus assez fort dans le secteur privé pour passer à l'action dès maintenant ", a-t-il jugé.

De leur côté, pour s'engager plus avant dans un modèle de développement durable, de nombreux acteurs du secteur privé réclament aujourd'hui la fixation d'un prix du carbone. Ce sera d'ailleurs l'un des enjeux centraux des discussions à l'ONU dans les jours qui viennent. Invitée à débattre aux côtés de Robert Diamond et Laurence Tubiana, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a défendu l'instauration d'une taxe, plutôt qu'un marché carbone, pour pousser les entreprises à se métamorphoser. " Je suis bien placée pour en parler parce que j'ai échoué à mettre en place cette politique dans mon pays ", a confié l'ancienne ministre française de l'Economie.

Fannie Rascle, correspondante à Washington
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