Publié le 06 décembre 2018
ENVIRONNEMENT
Les entreprises sont sensibles au climat mais peinent encore à en tirer des conséquences sur leur business model
Alors que les négociations climatiques ont repris en Pologne pour mettre en œuvre l’Accord de Paris à l'occasion de la COP24, un rapport met en lumière l’insuffisante prise en compte des risques liés au changement climatique par les entreprises. C’est particulièrement vrai pour les risques dits de transition, c’est-à-dire liés aux réglementations à venir sur ces sujets.

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Le changement climatique, les grandes entreprises en parlent beaucoup... mais pas encore suffisamment bien, si l’on en croit la dernière étude du Climate Disclosure Standard Board et du CDP (1). Celle-ci a passé au crible les rapports annuels des 80 plus grosses entreprises cotées européennes pour analyser leur façon de rendre compte des risques et actions liées au changement climatique.
Il en résulte un manque d'anticipation de ces risques. Ainsi 44 % des entreprises seulement expliquent dans ces documents comment leur business model est affecté par les changements climatiques ou plus largement par les problématiques environnementales.
Par ailleurs, si près de 80 % des entreprises identifient au moins un risque environnemental ou climatique, elles sont également 8 sur 10 à ne pas mentionner de stratégie spécifique pour l'anticiper. Ainsi, seulement 41% des entreprises rendent compte des risques de transition liés aux réglementations et politiques futures. Or celles-ci pourraient pourtant avoir des effets sur leur business, souligne le rapport.
Clarifier la réglementation européenne
Ces taux inquiètent en raison des différentes réglementations mises en place aux niveaux national et européen, comme la directive européenne sur la performance extra-financière. Sans oublier les recommandations élaborées par la TCFD, le groupe de travail international qui fait référence sur la transparence des risques financiers liés au climat.
Les entreprises qui se voient soumises à des obligations de transparence en raison de réglementations sur le sujet sont tout de même en avant par rapport à leurs homologues. Ainsi les entreprises françaises, soumises à l’une des réglementations les plus poussées en la matière avec l’article 173 de la loi de Transition énergétique, font figures de leaders avec celles du Royaume-Uni. Toutes les entreprises tricolores indiquent au moins le niveau actuel de leurs émissions de gaz à effet de serre, contre 81 % des entreprises européennes et seulement 56 % des entreprises allemandes !
Pour Mardi Mcbrien, Directrice générale du Climate Disclosure Standards Board, la conclusion s'impose: il s'agit désormais de "clarifier et de renforcer la directive NFR (sur la déclaration de performance extra-financière, ndr) en précisant ses exigences" en matière de reporting. Car "les informations climatiques et environnementales sont essentielles pour comprendre ces grandes entreprises et doivent être présentées aux investisseurs de manière cohérente et comparable".
Béatrice Héraud @beatriceheraud
(1) Le rapport "First step" est disponible en ligne. Il se focalise sur 80 entreprises européennes, implantées sur 12 pays et représentant 3 700 milliards d’euros de capitalisation boursière.