Publié le 26 août 2020
ENVIRONNEMENT
Californie, Sibérie, Australie… Le règne du feu
Été après été, le bilan des feux géants s’aggrave. En 2020, les incendies en Californie ont déjà brûlé quatre fois plus de forêts que pendant toute l’année 2019. Même constat dramatique en Sibérie et en Australie. Le réchauffement climatique favorise l’apparition de brasiers géants qui, à leur tour, relâchent le carbone stocké dans les forêts ou les sols gelés contribuant au réchauffement climatique...

@CoppernicusEu
Sécheresses de plus en plus sévères, pics de chaleurs intenses, multiplications des éclairs… Le changement climatique est un terreau favorable à l’apparition d’incendies incontrôlables. Ces dernières années le prouvent avec une triste régularité. Mais 2020 bat tous les records. En Californie, sont apparus des méga-feux d’une taille inédite que les 14 000 pompiers mobilisés sont bien en peine de contrôler.
Selon les informations du CalFire, les services de lutte contre les incendies de l’État, près de 486 000 hectares, environ 50 fois la superficie de Paris, répartis en 625 foyers, sont partis en fumée. En 2019, les feux avaient "seulement" touché 105 000 hectares. Deux des incendies, "LNU Lightning Complex" et le "SCU Lightning Complex", tous deux déclenchés par des éclairs, sont devenus les plus grands brasiers de l’État et ont abîmé de nombreux parcs naturels.
Outre l’effet des flammes, d’immenses panaches de fumées s'étendent sur près de 1 000 kilomètres et sont visibles depuis l’espace comme en témoigne la Nasa. L’agence spatiale alerte sur la mise en suspension d’aérosols dangereux pour la biodiversité et la santé humaine. "Si vous ne croyez pas au changement climatique, venez en Californie", lance le gouverneur de l'État, Gavin Newsom, dans un tweet accompagné d’impressionnantes photos.
If you don’t believe in climate change, come to California.
This is from today. And is just a small part of the nearly 600 fires we are battling this week. pic.twitter.com/iv4stV3Aax— Gavin Newsom (@GavinNewsom) August 23, 2020
La Sibérie sous une canicule intense
En Sibérie, la situation est encore pire. Depuis début 2020, près de 21 millions d’hectares, l’équivalent d’un tiers de la France, brûle. La région est peu habitée mais le cas de la petite ville de Verkhoïansk est frappant. C’est ici, loin au nord du cercle polaire, que les températures les plus basses de la planète ont été enregistrées à -67,7 °C. Cet été, la ville a connu une canicule à 38°C pendant plusieurs jours. Et la ville est désormais entourée de flammes.
"La Sibérie se réchauffe bien plus vite que le reste de la planète. Ce réchauffement accéléré facilite les départs d'incendie. Dans le même temps, ces feux contribuent à attiser le dérèglement climatique. Car ces incendies relâchent des centaines de millions de tonnes de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, et leur apparition accélère la fonte du permafrost", explique Greenpeace Russie. En fondant, ces sols, en théorie censés être en permanence gelés, relâchent à leur tour des quantités phénoménales de méthane, au pouvoir réchauffant 25 fois plus important que le CO2. Un véritable cercle vicieux.
#Siberia 2020
Heat. Fire. Melting ice
What happens in the #Arctic does not stay in the Arctic but has global repercussions.https://t.co/LrjKWrjWl4#ClimateChange#ClimateAction pic.twitter.com/GkW129DiYk— World Meteorological Organization (@WMO) July 24, 2020
L'Australie en proie aux pires incendies de son histoire
Au début de l’année, c’est du côté de l’hémisphère Sud qu’il avait fallu se tourner. Jusqu’en mars 2020, pendant près de neuf mois, l’Australie a fait face aux pires incendies de son histoire. Et les efforts désespérés des pompiers n’avaient jamais permis d’en reprendre le contrôle. L'État de Nouvelle-Galles-du-Sud a été particulièrement touché avec 11 000 feux étendus sur 5,5 millions d’hectares.
En conséquence, le gouvernement a lancé une commission d’enquête. Au terme d’un vaste travail, le rapport de plus de 400 pages conclut sans équivoque : "Le réchauffement climatique résultant de la hausse des émissions de gaz à effet de serre a clairement joué un rôle dans les conditions qui ont entraîné les feux et qui les ont entretenus et leur ont permis de se propager". Une bombe dans un pays profondément impliqué dans l’exploitation du charbon.
Ludovic Dupin @LudovicDupin
L’Amazonie part aussi en fumée
La forêt amazonienne aussi est en feu en cet été 2020, dans des proportions bien pires que lors de l’été 2019, alors que le monde entier était au chevet du poumon vert de la planète. Mais là où le réchauffement climatique est à l’origine des incendies américains, russes et australiens, c’est l’intention directe de l’homme qui est à blâmer au Brésil. La déforestation, dans le but de récupérer des terres pour l’industrie agroalimentaire, utilise la technique du brûlis avec l’aval du gouvernement de Jair Bolsonaro.