Publié le 06 juillet 2017
ENVIRONNEMENT
Automobile, énergies fossiles, finance verte.... Ce qu’il faut retenir du plan climat de Nicolas Hulot
Fin de la vente des voitures essence et diesel, neutralité carbone, finance verte, fin des énergies fossiles, économie circulaire, prix du carbone ou encore interdiction des produits responsables de la déforestation… Le plan climat de Nicolas Hulot, présenté le 6 juillet, brasse large et est jugé ambitieux. Les ONG regrettent toutefois le flou autour de la réduction de la part du nucléaire et l’absence de mention à la taxe sur les transactions financières.

Ministère de la Transition écologique et solidaire
Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a révélé une feuille de route climatique ambitieuse ce jeudi 6 juillet. Il souhaite que l’écologie aille au-delà de son ministère et qu'elle devienne une orientation globale pour l’ensemble du gouvernement.
"Notre responsabilité est que le sujet de la transition écologique prime sur tous les autres, explique le ministre devant la presse. Le plan que je vous présente aujourd’hui n’est pas une fin en soi. C’est une colonne sur laquelle nous pourrons ajouter des vertèbres au fur et à mesure du temps." Nicolas Hulot l’assure : "il n’y a pas un conseil des ministres où le sujet n’est pas évoqué" et pas seulement par lui.
Décliné en six thématiques fortes et 23 axes, ce plan balaye tous les sujets ou presque (si l'on omet le nucléaire) :
Fin de la vente des voitures à essence et diesel en 2040
La fin de la vente des voitures à essence et diesel d’ici 2040 dans l’Hexagone est l'une des mesures phares du plan climat. Des aides seront versés à tous les ménages pour le remplacement des véhicules Diesel d’avant 1997 ou à essence d’avant 2001 pour l’achat d’un véhicule plus propre neuf ou d’occasion. Des assises de la mobilité seront également organisées afin de porter "un coût d’accélérateur à la mobilité douce". Au programme : amélioration des transports, entretien des réseaux routiers et ferrés et fret ferroviaire.
Atteindre la neutralité carbone en 2050
Le Premier ministre l’avait annoncé dans son discours de politique générale en début de semaine, Nicolas Hulot l’a confirmé. La France se fixe des objectifs plus ambitieux que ceux contenus dans la loi de transition énergétique. Au lieu de diviser ces émissions de gaz à effet de serre par quatre d’ici 2050, elle s’engage désormais à atteindre la neutralité carbone à cet horizon.
Pour y parvenir, Nicolas Hulot veut mettre "fin aux énergies fossiles". "La France est l’un des premiers pays à prendre un tel engagement et nous espérons servir d’exemple pour les autres nations", assure-t-il. Les cinq centrales à charbon françaises seront fermées d’ici 2022, et plus aucun permis d’exploration pour le pétrole, le gaz et le charbon ne sera accordé en métropole et en outre-mer. Une loi est attendue d’ici la fin de l’été ou au début de l’automne.
Promouvoir la finance verte
Nicolas Hulot veut faire de la France le leader de l’économie responsable, et de Paris la place forte de la finance verte. Le gouvernement assure qu’il poursuivra le soutien de la création de labels de référence en ce sens et incitera les acteurs publics à émettre des obligations vertes.
La France prendra une position forte sur une meilleure prise en compte des risques climatiques par les investisseurs. Cela s'inscrit dans la logique de l’article 173 de la loi de transition énergétique et des travaux de la TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosures) du G20.
Paris soutiendra par ailleurs l’adoption de réglementations imposant aux investisseurs européens de publier leurs analyses des risques climatiques d’ici 2020, dans la lignée des recommandations du High Level Expert Group (HLEG) attendues la semaine prochaine.
Interdiction des produits responsables de la déforestation
Le gouvernement entend mettre fin à l’importation de produits contribuant à la déforestation en Amazonie, en Asie du Sud-Est ou encore dans le bassin du Congo. Sont principalement visés le soja et l’huile de palme. Le ministre souhaite également une transformation des systèmes agricoles "pour améliorer le captage du carbone dans les sols et réduire les émissions". Il mise pour cela sur les États généraux de l'alimentation qui doivent être lancés en juillet.
Un prix du carbone intégré à la loi de finances
Nicolas Hulot entend renforcer le prix du carbone "pour donner un prix à la pollution et introduire un avantage compétitif à l’économie décarbonée". Le prix carbone, qui sera élargi aux HFC (gaz au potentiel réchauffant bien plus élevé que le CO2), devrait dépasser les 100 euros d’ici 2030. Cette disposition sera intégrée dans le projet de loi de finances de 2018 à la rentrée. Il confirme également l’alignement de la fiscalité du Diesel et de l’essence d’ici la fin du quinquennat.
Soutenir l'économie circulaire auprès des PME
"L'économie circulaire est au cœur de la transition mais il faut là encore changer d’échelle", constate le ministre de la Transition écologique et solidaire. Des aides seront ainsi versées aux petites entreprises qui s’inscrivent dans cette démarche. Et une feuille de route sur l’économie circulaire sera présentée en 2018.
Supprimer les passoires thermiques et favoriser l'autoconsommation
L’objectif est d'éradiquer la précarité énergétique et de faire disparaître les passoires thermiques d’ici 10 ans. Pour cela, le gouvernement va proposer des diagnostics aux ménages les plus modestes. Quatre milliards d’euros seront investis au total. Le ministre entend également favoriser l’autoconsommation d’électricité par les particuliers, mais aussi par les entreprises et les territoires. "Nous sommes à l’aune d'une révolution énergétique, déclare Nicolas Hulot. Emparons-nous du sujet plutôt que de le subir."
Par ailleurs, il évoque la mise en place d’un budget participatif afin de mieux associer les citoyens aux décisions politiques sur le climat. "Les politiques ont tout à gagner à s’inspirer de l’expérience complémentaire de la société civile", ajoute-t-il.
Concepcion Alvarez @conce1