Publié le 04 janvier 2020
ENVIRONNEMENT
[À l’origine] Quand Margaret Thatcher et Ronald Reagan ont créé le GIEC
Aujourd’hui, le GIEC est un pilier essentiel de la lutte mondiale contre le changement climatique. La pertinence des alertes lancées par ces scientifiques est unanimement reconnue. Pourtant son origine vient d’un organe international dont l’engagement environnemental n’a pas toujours été salué : le G7, le groupe des sept premières puissances économiques de la planète.

@WhiteHouse
Depuis plus de trente ans, le groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le fameux GIEC, alerte le monde sur les réalités du changement climatique et sur ses dangereuses conséquences. L’origine de ce groupe de scientifiques spécialistes du climat et d’autres domaines de recherches est loin d’être évidente.
Dès le début des années 80, l’essentiel de l’impact des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique était connu. Mais le GIEC ne voit le jour qu'en 1988, et son organisation a été confiée à l’Organisation météorologique mondiale et au Programme des Nations unies pour l'environnement. C’est le G7, comprenant alors le Canada, la France, l’Allemagne de l’Ouest, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis, qui a proposé ce concept. Plus précisément, ce sont deux dirigeants qui vont pousser cette création : la Première ministre britannique Margaret Thatcher et le Président américain Ronald Reagan.
Charbon contre nucléaire
Le Président américain avait pour motivation de ne pas laisser le sujet du climat à des groupements écologistes et de le mettre dans les mains de scientifiques. La Dame de fer de son côté avait des motivations plus complexes. Elle aurait été très tôt sensibilisée à la question climatique. Le 27 septembre 1988, dans un discours à la Royal Society, elle dit : "L'augmentation des gaz à effet de serre (…) a conduit certains à craindre (…) une instabilité climatique. On nous dit qu'un effet de réchauffement de 1°C par décennie dépasserait largement la capacité de notre habitat naturel".
Dans le même discours, elle évoque la fonte des glaces, la hausse du niveau de la mer, le trou dans la couche d’ozone et la dégradation des sols. Mais son action en faveur de la création du G7 avait aussi un objectif de politique interne alors qu’elle était en conflit depuis des années avec les syndicats des mineurs du charbon et qu’elle voulait plutôt favoriser le nucléaire pour le Royaume.
Depuis 1988, le GIEC a publié cinq rapports qui ont permis de convaincre le monde entier - ou presque - de l’origine du réchauffement climatique et de l’impérieuse nécessité d’engager une transition, en particulier énergétique, pour limiter au maximum nos émissions de CO2 dans l’atmosphère. Le prochain rapport du groupe d’experts est attendu pour 2022.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin