Publié le 02 septembre 2020
ENVIRONNEMENT
Rien ne va plus entre les ONG environnementales et le gouvernement
Trois ONG d'envergure ont boycotté une réunion du Conseil national de la transition écologique (CNTE) mardi 1er septembre pour dénoncer le recul du gouvernement sur l’environnement. Elles mettent en garde sur les dérogations à l'interdiction des néonicotinoïdes pour les betteraviers, les mesures toujours trop favorables aux chasseurs et sur les régressions en matière de protection de l'environnement.

@CA
La Ligue de protection pour les oiseaux (LPO), France Nature Environnement (FNE) et les Amis de la Terre ont boycotté mardi 1er septembre une réunion du Conseil national de la transition écologique (CNTE), au cours de laquelle le projet de loi portant sur les dérogations à l'interdiction des néonicotinoïdes a été présenté. Elles n'ont pas non plus assisté l'après-midi à une rencontre avec des représentants de la Convention citoyenne pour le climat dont elles craignent que les mesures ne soient "édulcorées". Il s’agit ainsi pour ces trois ONG de dénoncer le "mépris" qu’elles ressentent de la part du gouvernement et les reculs en matière de protection de l'environnement.
"Si on boycotte aujourd'hui, c'est qu'il y a de plus en plus de régressions en matière environnementale et que le grand public ne s'en rend pas forcément compte", a expliqué Arnaud Schwartz, président de FNE, lors d'une conférence de presse devant le Ministère de la Transition écologique. "Le gouvernement est très fort dans la communication pour mettre en avant la moindre petite avancée, alors qu'en parallèle il y a tout un tas de destructions, de pollutions qui se poursuivent. Pire que ça, il y a un détricotage systématique du droit de l'environnement", a-t-il ajouté.
"Des cadeaux trop nombreux aux chasseurs"
Outre le projet de loi sur les néonicotinoïdes, qui doit être présenté jeudi en Conseil des ministres, l’inquiétude des ONG porte également sur les "trop nombreux cadeaux fait aux chasseurs". Elles citent pêle-mêle la réduction de moitié du prix du permis national de chasser, la gestion par la Fédération nationale des chasseurs (FNC) d’un fonds dédié à la protection de la biodiversité de 11 millions d’euros par an, l’extension sur tout le territoire national d’un mois de la chasse au sanglier ou encore les arrêtés autorisant la chasse d’une vingtaine d’espèces en danger comme la tourterelle des bois.
Un recours a été déposé contre l’arrêté publié le 28 août – à la veille de l’ouverture de la chasse – autorisant la chasse d’environ 18 000 tourterelles alors que sa population est en déclin de 80 % depuis trente ans. L’audience a été fixée au 10 septembre, ce qui laisse le temps d’en tuer un certain nombre, regrettent les ONG qui accusent le gouvernement de publier ses arrêtés à la dernière minute. "Il y a un certain mépris à l'égard de la vie associative", a estimé Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, qui demande "davantage de dialogue". Le boycott de la réunion mardi est "une alerte à l'égard de l'Elysée", a-t-il poursuivi.
Les associations constatent également un certain nombre de "régressions environnementales" dans le projet de loi d’accélération et simplification de l'action publique, les sites "clés en main" qui permettent d’implanter rapidement des industries, le pouvoir de dérogation du préfet, la simplification de la procédure d’autorisation environnementale ou encore la levée des contraintes environnementales pour les besoins de reconstruction de la Cathédrale Notre Dame. Elles dénoncent enfin des agressions de plus en plus fréquentes de la part d'élus du monde agricole et de la chasse.
Concepcion Alvarez avec AFP