Publié le 20 août 2017
ENVIRONNEMENT
[LE CHIFFRE] La pollution lumineuse diminuerait la pollinisation de 60%
C’est une étude inédite sur la menace que représente la pollution lumineuse sur les insectes pollinisateurs. Des chercheurs de Berne ont mesuré que les visites des insectes nocturnes sur un site éclairé artificiellement diminuent de 60%. Chaque nuit, 11 millions de points lumineux - lampes et lampadaires - et 3,5 millions d'enseignes lumineuses éclairent l'Hexagone.

Pixabay
Les insectes pollinisateurs sont déjà confrontés à la destruction de leurs habitats, à l’agriculture intensive, au changement climatique et aux pesticides. Une nouvelle menace apparaît : la lumière artificielle. Les insectes nocturnes comme les papillons ou les coléoptères sont gênés dans leurs activités par la pollution lumineuse, comme le montre une étude publiée début août dans la revue Nature (1).
Une équipe de chercheurs de l’Université de Berne et du Centre d’écologie et des sciences de la conservation de Paris, a comparé deux échantillons d’insectes nocturnes, un groupe témoin et un groupe exposé à un éclairage artificiel. Il apparaît que les visites des pollinisateurs nocturnes ont baissé de 63 % sur les sites éclairés par rapport aux prairies vierges de pollution lumineuse. En se focalisant sur une espèce de plante en particulier, les chercheurs ont démontré que sa production de fruits avait diminué en conséquence de 13 %.
Ces-derniers s’inquiètent d’une réaction en cascade, avec une réduction de la pollinisation de jour, et à terme un impact important sur la production alimentaire. Selon un rapport de la Plateforme sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), plus des trois quarts des principales catégories de cultures vivrières mondiales dépendent de la pollinisation. Et entre 5 % et 8 % de la production agricole de la planète sont directement attribuables à la pollinisation animale.
70 % d’éclairage inutile à Bordeaux
En France, la lumière émise par le seul éclairage public a presque doublé depuis vingt-cinq ans, selon l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN). Un arrêté de juillet 2013 impose l’extinction des éclairages des façades et vitrines au plus tard à 1 heure et des intérieurs de locaux à usage professionnel une heure après la fin de leur occupation.
Mais quatre ans après son entrée en vigueur, la situation est "contrastée" selon les villes, estime l’ANPCEN. Elle a recensé 70 % de sites non conformes à Bordeaux, par exemple. Grenoble, Limoges, Marseille et Saint-Etienne ont également été épinglées, tandis que Lille, Nantes, Strasbourg, Toulouse affichent de bons scores.
"Les progrès ne s’effectueront pas sans une forte mobilisation des autorités", déclare l’organisation, qui appelle Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire, à faire assurer l’application de la réglementation par les préfets, et à mobiliser les collectivités et fédérations professionnelles concernées.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir l'étude ici.