Publié le 25 novembre 2020
ENVIRONNEMENT
Le Brésil met en danger la COP15 de 2021 sur la biodiversité
Un nouveau round de négociations s'est ouvert ce mercredi 25 novembre au sein de la Convention pour la diversité biologique (CDB). Il s'agit de trouver un accord tacite entre les 196 parties membres sur le budget 2021, mais le Brésil est accusé de bloquer les discussions. A défaut, le secrétariat ne pourra plus fonctionner, mettant en péril la préparation de la COP15 Biodiversité prévue en Chine. Or, ce rendez-vous, déjà reporté d'octobre à mai, est crucial pour la protection de la nature puisqu'il doit permettre à la communauté internationale de se fixer de nouveaux objectifs.

@Greenpeace
Un grain de sable dans l’engrenage. La semaine dernière, le Brésil a bloqué la procédure tacite sur le budget 2021 de la Convention des Nations Unies pour la diversité biologique (CDB). Or, à défaut d’un accord avant la fin 2020, le secrétariat cesserait complètement ses activités à compter du 1er janvier 2021, mettant en péril la préparation de la COP15 en Chine, déjà retardée. La conférence, qui devait avoir lieu en octobre dernier, a été reportée à mai 2021 et constitue un moment clé pour la protection de la nature puisqu'elle doit aboutir sur de nouveaux objectifs mondiaux post-2020.
"Par la présente communication, j'espérais annoncer que le silence n'avait pas été rompu dans le cadre de la procédure d’accord tacite et que la décision sur le budget intérimaire pour l'année 2021 était adoptée. Cependant, en raison d'un commentaire soumis par le gouvernement brésilien demandant l'insertion de notes de bas de page dans les projets de décisions, il n'a pas été possible d'aller de l'avant. Par conséquent, après avoir consulté les membres du Bureau, j'ai décidé de suspendre les réunions afin de laisser plus de temps pour les consultations entre les Parties", explique la présidence égyptienne de la COP dans un communiqué.
Un moyen de pression ?
Le commentaire en question porterait, selon The Guardian qui révèle l’affaire, sur le fait que les négociations se tiennent virtuellement en raison du Covid-19. Celles-ci "désavantageraient les pays les plus pauvres, plus susceptibles d'avoir des problèmes de connectivité", selon le Brésil. Plusieurs pays en développement ont exprimé des doutes similaires, mais aucun n'a utilisé cette raison pour retarder les discussions sur le budget. "Nous devons faire attention au processus. Si nous voulons un bon résultat, il doit être inclusif, transparent et juste", a déclaré le chef de l’équipe de négociation brésilienne de la CDB, Leonardo de Athayde.
Mais pour les observateurs, il s’agit plutôt là d’un moyen de pression utilisé par le gouvernement Bolsonaro. "Il s'agit d'une stratégie délibérée pour éviter les négociations sur de nouveaux objectifs pour la nature. Bien que nous partagions des préoccupations concernant les défis techniques pour tenir régulièrement des réunions en ligne, nous n'oublions pas les efforts passés de l'administration Bolsonaro pour limiter la participation de la société civile aux discussions de la CDB. Il est donc difficile de croire que la diplomatie brésilienne plaide pour l'inclusivité", a réagi Oscar Soria, directeur de campagne du site d'activisme Avaaz, dans le quotidien britannique. Des accusations rejetées par la diplomatie brésilienne.
Le pays est sous le feu des critiques face à la déforestation galopante de l’Amazonie, il serait l’un des principaux concernés par l’adoption de nouveaux objectifs internationaux environnementaux. En septembre dernier, lors d’un sommet de haut-niveau sur la biodiversité aux Nations-Unies, le président brésilien, Jair Bolsonaro, avait accusé les ONG et les gouvernements étrangers d'interférer dans la souveraineté nationale et avait rejeté la mise en place de règles selon lui "injustes" sur l’extraction des ressources. Un nouveau round de négociations est prévu jusqu’au 27 novembre pour parvenir à un accord sur le budget 2021 de la CBD.
Concepcion Alvarez @conce1