Publié le 17 mai 2020
ENVIRONNEMENT
[Bonne Nouvelle] Quand le coronavirus protège les baleines des chasseurs
Cette année, les baleiniers islandais ne partiront pas au large pour traquer les baleines. Les entreprises estiment que les obligations de distanciation sociale et de sécurité, liées au coronavirus, ne permettront pas de mener à bien les opérations de pêche. Mais au-delà de la crise sanitaire, l’industrie de la pêche aux cétacés est de moins en moins rentable.

@DanielBenhaim
Pour la deuxième année consécutive, l’Islande renonce à la période estivale de chasse aux rorquals et aux baleines de Minke. En 2019, ce sont des raisons économiques qui ont poussé les baleiniers à rester au port, tant la concurrence, nippone en particulier, était rude. En 2020, c’est la crise du Covid-19 qui va forcer l’industrie islandaise à renoncer à chasser les mammifères marins géants. En effet, selon la société Hvalur, les mesures de distanciation sociale et de sécurité imposées par le gouvernement rendent impossible l’activité sur les bateaux et la transformation de la viande.
Selon le quotidien Morgunbladid, ce renoncement est aussi dû à la baisse de la consommation de viande de baleine dans le pays. D’ailleurs pour l'entreprise IP-Útgerdehf, il ne s’agit pas d’un report de l’activité mais d’un arrêt définitif. Interrogé par l’AFP, son PDG Gunnar Bergmann Jonsson l’assure : "Je ne chasserai plus jamais la baleine, j'arrête définitivement". Cette activité ne serait plus assez rentable. "C’est une nouvelle extraordinaire", a déclaré Chris Butler-Stroud, PDG de la Whale and Dolphin Conservation (WDC).
Le Japon, premier chasseur
La société Hvalur espère pour sa part une reprise en 2021, ce que craignent aussi des sociétés de protection de la nature. En 2018, l’île de l’Atlantique Nord avait tué environ 150 cétacés. En théorie, la chasse commerciale à la baleine est interdite depuis 1986 par un moratoire international décidé par la Commission baleinière internationale (CBI). Mais l’Islande n’y a pas adhéré et a repris la chasse en 2003.
L’Islande est loin d’être le premier chasseur. Elle arrive derrière le Japon, la Norvège ou la Russie. L’archipel nippon a repris la chasse en 2019 capturant plus de 225 animaux. Le pays limite l’activité à ses eaux territoriales mais a renoncé à la chasse dans les eaux de l’Arctique. Tokyo a par ailleurs quitté la CBI. Pourtant, même dans ce pays, cette industrie est de moins en moins soutenue par la population.
Ludovic Dupin @LudovicDupin