Publié le 30 septembre 2019
ENVIRONNEMENT
Entreprises, élus et États se mobilisent déjà pour l'année 2020, placée sous le signe de la biodiversité
La protection de la biodiversité sensibilise de plus en plus la société civile, les entreprises et les élus. Alors que le monde fait face à une large extinction, il s'agit de profiter de cette mobilisation pour d'ores et déjà préparer deux événements internationaux majeurs sur le sujet se tiendront en France et en Chine, en 2020.

Karine Hulin
Il y a quatre ans, Paris devenait la capitale du climat en accueillant la COP21 et en faisant adopter l’Accord de Paris par les 196 États membres des Nations-Unies. La France entend réitérer l’exploit sur le thème de la biodiversité, encore trop évincé des radars politiques et médiatiques. En novembre 2020, une COP onusienne sur la diversité biologique, de la même ampleur que celle de 2015 sur le changement climatique, se tiendra en Chine. Quelques mois auparavant, du 11 au 19 juin, c’est à Marseille qu’aura lieu le Congrès mondial de la nature, un événement tout aussi important.
Accélérer les efforts mondiaux
Il devrait réunir 20 000 participants, des représentants d’États, des entreprises, des ONG, des scientifiques des communautés autochtones, et des agences de l’ONU. "L’objectif est d’accélérer les efforts mondiaux alors que les objectifs d’Aïchi sur la biodiversité, dont l’échéance est fixée en 2020, n’ont pas été atteints globalement", explique Sébastien Moncorps, le président du comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
À l’issue du Congrès, les membres de l’UICN devront adopter une série de recommandations – environ une centaine – sur les enjeux de la biodiversité. La France, de son côté, a déjà préparé 28 projets de motions. "Ils concernent la compatibilité des activités économiques avec la conservation de la biodiversité, la lutte contre la pollution plastique des océans ou encore la promotion des solutions fondées sur la nature" précise Sébastien Moncorps.
Les parlementaires français se mobilisent
L'échéance est encore lointaine, mais l'heure de la mobilisation sur le sujet a déjà sonné. L’Agence française de la biodiversité (AFB) va lancer en cette rentrée une campagne dans tous les médias pour sensibiliser au fait que l’humanité fait partie de la nature, adossée à une plateforme Internet. Par ailleurs, à l’instar des espaces Génération climat installés au Bourget pendant la COP21, des espaces Génération Nature seront mis en place à Marseille pour accueillir le grand public tout au long de l’événement.
Fin juin 2019, un colloque de mobilisation des parlementaires sur la biodiversité était organisé à l’Hôtel de Lassay par Barbara Pompili. "Nous ne pouvons pas louper ce rendez-vous !", a lancé la présidente de la commission Développement durable de l’Assemblée. "Les parlementaires ont leur rôle à jouer pour faire monter le sujet dans les territoires et dans les chambres. Nous devons l’infuser dans toutes les lois que nous votons et nous défendons. Limiter la sixième extinction est aussi important que contenir le réchauffement sous 1,5°C." Cette coalition transpartisane prévoit de se réunir tous les mois sur chacune des problématiques de l’UICN afin que des initiatives puissent émerger dans les territoires.
Déficit de portage par l’Égypte et la Chine
Du côté des entreprises, treize organisations, telles que le réseau français Entreprises pour l’Environnement (Epe), le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), le WWF, We mean business et l’UICN ont lancé début juillet une coalition internationale, nommée Business for nature, pour "inverser la dégradation des écosystèmes à l’horizon 2030, et restaurer les systèmes vitaux de la planète". "Notre modèle économique axé sur le court terme contribue davantage à la destruction de la nature qu’à sa régénération. Nous voulons mettre un terme à cela", appelle Thomas Lingard, directeur climat & environnement chez Unilever.
Lors du Sommet sur l'Action climatique organisé à l'ONU le 23 septembre, 19 entreprises, dont Danone, Mars ou Nestlé, ont lancé le "One Planet Business for biodiversity". L'objectif est d'adopter des pratiques agricoles alternatives, de favoriser la diversité alimentaire et de lutter contre la déforestation et la dégradation des sols. "Selon de nombreuses études scientifiques, nous n'avons plus que dix ans pour enrayer le dérèglement climatique et la perte de biodiversité. Ensemble, nous nous efforcerons non seulement de conserver et de restaurer la biodiversité, mais aussi de transformer l’interaction de l’Homme avec la nature" a déclaré Emmanuel Faber, le PDG de Danone.
Un agenda de l’action sur la biodiversité a également été mis en place sur le site de la Conférence de la diversité biologique (CDB) pour collecter les engagements de tous les acteurs non-étatiques. Mais il est en désuétude. "Comparé à l’Agenda de l’action climatique, il y a un réel déficit de portage par les deux présidences successives de la CDB, portées par l’Egypte et par la Chine, deux pays totalitaires, explique Aleksandar Rankovic, chercheur à l’Iddri. Ce n’est pas vraiment dans leur ADN d’associer la société civile dans le processus. C’est pourquoi nous avons besoin d’acteurs comme la France pour lancer la dynamique."
Concepcion Alvarez, @conce1