Publié le 19 juin 2019
ENVIRONNEMENT
Le manque de maïs attendu mondialement dès 2020 illustre l’impact systémique du changement climatique
Le Midwest américain a les pieds dans l’eau. Ces inondations, qui risquent de devenir la norme face au réchauffement, empêchent les agriculteurs de semer le maïs. D’ores et déjà, le gouvernement américain prévoit une production en recul de presque 10 % cette année. Un impact considérable sur l’offre mondiale de cette céréale qui va renchérir toute l’alimentation mondiale.

@ScottOlson/GettyImage/NorthAmerica/AFP
Souvent les catastrophes liées au changement climatique apparaissent assez localisées. Une vague de chaleur en Inde due au retard de la mousson, des pertes massives de glace au niveau des pôles, une tempête sur les vignobles dans le sud-est de la France… Ces événements ont un impact important mais il est difficile de sentir leur influence globale. Pour la première fois, un aléa climatique aux États-Unis pourrait nous prouver à tous directement l’effet systémique du réchauffement planétaire… en nous touchant au porte-monnaie.
En ce mois de juin, les agriculteurs américains devraient être massivement occupés à finir de semer les immenses plantations de maïs dans les États de la Corn Belt (la ceinture du maïs), en particulier dans l’Illinois, l’Iowa et le Nebraska. Mais au 2 juin, selon l’administration américaine, seuls 67 % des champs avaient été plantés contre 99 % en temps normal. Un taux faible dû aux massives inondations qui touchent le Midwest américain depuis plusieurs mois. Or le temps des semis est arrivé à son terme.
Baisse de l’offre mondiale
Selon l’administration américaine, la baisse de production de maïs domestique devrait se situer aux alentours de 9 % sur la saison 2019-2020. Or les États-Unis étant le premier producteur et premier exportateur mondial de maïs, cela signifie que 3 à 5 % de l’offre mondiale va disparaître selon une étude de l’Université de l’Illinois. Le premier impact a été une forte hausse des cours du maïs qui ont grimpé de 24 % en mai. Et les auteurs de l’étude prévoient encore 36 à 52 % de hausse.
Mais cette flambée des prix est la partie émergée de l’iceberg. "Le maïs est une denrée largement utilisée dans l'alimentation animale, cette hausse des prix risque de faire augmenter les coûts de production des éleveurs - avec à la clé une hausse des prix pour les consommateurs, notamment sur la viande, les produits laitiers et les œufs", et ce sur toute la planète rapporte l’European Climate Foundation.
Nouvelle normalité
Et il ne devrait pas s’agir d’un épiphénomène. Cité par le Financial Times, Eugene Takle, professeur à l’université d’Iowa, qualifie ces pluies qui affectent la production de maïs de "nouvelle normalité". Il ajoute : "Nous savons très bien ce qui se passe, pourquoi cela se produit et nous en connaissons les causes. Très brièvement, cela commence par le réchauffement de la planète".
Le gouvernement américain, malgré le climato-scepticisme du patron de la Maison blanche, semble s’aligner sur cette vision. Dans sa dernière évaluation climatique, il décrit ces fortes pluies dans le Midwest américain comme une tendance qui va s’accentuer jusqu’à la moitié du siècle et va "réduire encore le nombre de journées dans la saison de plantation en raison de la saturation en eau du sol".
Ludovic Dupin @LudovicDupin