Publié le 01 décembre 2020
ENVIRONNEMENT
Pour mettre fin à la dépendance au soja importé, la France annonce un plan sur les protéines végétales
Dans le cadre du plan de relance Français, un vaste plan protéines végétales va être relancé par le gouvernement. Le gouvernement va débloquer 100 millions d’euros pour développer un million d’hectares supplémentaires de cultures d’oléagineux et de légumineuses d’ici 2030. Il s’agit de participer au retour d’une certaine souveraineté alimentaire mais aussi de ne plus favoriser la déforestation en Amérique du Sud.

@JoaoBentodaSilva
Le gouvernement et les filières agricoles se sont engagés mardi 1er décembre à œuvrer pour augmenter de 40 % en trois ans les surfaces consacrées à la culture de plantes riches en protéines comme les lentilles, le colza ou la luzerne, afin de réduire la dépendance au soja importé, en particulier du Brésil. Il s'agit d'un "objectif intermédiaire", a détaillé le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie lors d'une conférence de presse. Un objectif de "doublement de la surface cultivée" en dix ans avait déjà été fixé.
J’ai présenté ce matin la stratégie nationale à 10 ans pour les protéines végétales, et dotée de 100m€ pour son amorçage.
Voici pourquoi elle est si importante ⤵️— Julien Denormandie (@J_Denormandie) December 1, 2020
"Aujourd'hui, on a un million d'hectares" consacrés à la culture d'oléagineux (colza, tournesol, lin) et de légumineuses (soja, pois, féverolles, lentilles...), a-t-il précisé. Dans les trois ans qui viennent, cette surface doit donc augmenter de 400 000 hectares, avant d'atteindre 2 millions d'hectares d'ici à 2030. Les filières agricoles s'y sont engagées via une "charte", a précisé le ministre, dans le cadre de laquelle l'État qui met à disposition un plan protéines de plus de 100 millions d'euros, provenant du plan de relance.
Dépendance et déforestation
Ce plan protéines est pensé comme essentiel pour "le regain (de la France, ndr) en termes de souveraineté agroalimentaire", a déclaré Julien Denormandie. Aujourd'hui, la France dépend pour moitié des importations de protéines végétales pour l'alimentation du bétail. Or on y retrouve notamment du soja en provenance du Brésil, où il est pointé du doigt pour son rôle dans la déforestation. Or la France s'est engagée en 2018 à mettre fin d'ici à 2030 à la déforestation liée à l'importation de produits agricoles ou forestiers non durables.
Le plan protéines végétales pourra notamment contribuer à financer des "outils de production, stockage et distribution" de légumineuses, des achats de semence par les éleveurs afin d'augmenter la densité en protéines des fourrages, ou encore la recherche variétale. Un budget plus modeste (3 millions d'euros) est destiné à la promotion de la consommation de légumes secs en particulier par les enfants, conformément aux recommandations nutritionnelles.
Ce plan était attendu par le monde agricole, près de deux ans après qu'Emmanuel Macron a annoncé, au salon de l'agriculture de 2019, vouloir "porter un plan protéines ambitieux à l'échelle du continent" européen, et ainsi sortir du vieil équilibre induit par un accord commercial négocié dans les années 1960, qui attribuait la production de protéines végétales (soja, colza) aux Amériques et celle de l'amidon (blé, céréales) à l'Europe.
Ludovic Dupin avec AFP