Publié le 29 juin 2019
ENVIRONNEMENT
Tout juste signé, l’accord UE-Mercosur soulève la colère des écologistes et des agriculteurs
L'accord entre l'Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Venezuela) a été signé vendredi 28 juin. Plus de 340 associations environnementales mettent en garde Bruxelles sur les conditions environnementales et le respect des droits de l'Homme bafoués depuis l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro au Brésil. Les agriculteurs européens sont également inquiets de l'apparition d'une agriculture à deux vitesses.

@Elysée
Ouvertes il y a 20 ans, les discussions entre l'Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) ont abouti. Il s'agit de l'un des plus vastes accords de libre-échange jamais conclu avec en jeu plus de 770 millions de consommateurs et 18 000 milliards d'euros de PIB. "Je mesure mes paroles avec soin car c'est un accord réellement historique", a réagi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, depuis le Japon où il participait au sommet du G20.
La conclusion de ce pacte envoie "un réel message en soutien à un commerce ouvert, équitable, durable", a-t-il insisté. "Cela montre que dans ces temps turbulents (...), des compromis peuvent être trouvés". Le président argentin Mauricio Macri a aussi salué à Osaka un "jour historique", tandis que le Brésil se félicitait de l'engagement des deux blocs, à une époque "de tensions et d'incertitudes dans le commerce international, en faveur de l'ouverture économique".
Même s'il se dit vigilant, Emmanuel Macron juge que "Cet accord, à ce stade, est bon compte tenu du fait que toutes les demandes que nous avions formulées ont été intégralement prises en compte par les négociateurs". Un avis qui n'est pas partagé par plus de 340 organisations issues de la société civile, parmi lesquelles une trentaine d’organisations françaises.
Avant la signature, elles dénonçaient la détérioration des droits humains et des conditions environnementales au Brésil, depuis l’arrivée au pouvoir en janvier dernier du climatosceptique Jair Bolsonarao. Les associations pointent aussi du doigt les risques qu’un tel accord de libre-échange entraînerait pour les entreprises et les pays qui ont des engagements en matière de climat, d'environnement et de droits humains.
Une agriculture à deux vitesses
"L'Union européenne constitue un marché important pour le soja et le bœuf brésiliens, dont la production est largement responsable de la déforestation et des violations des droits de l'homme à grande échelle observées au Brésil. L’UE a donc une responsabilité vis-à-vis des choix agricoles et industriels de son partenaire sud-américain", écrivent les 340 organisations. Une étude réalisée pour la Commission européenne en 2013 montre ainsi que plus de la moitié de la déforestation associée aux produits exportés par le Brésil était liée aux importations européennes.
Outre les défenseurs de l’environnement, les agriculteurs s’inquiètent eux aussi. "Quelques semaines après l'élection européenne, inacceptable signature d'un accord Mercosur-UE qui va exposer les agriculteurs européens à une concurrence déloyale et les consommateurs à une tromperie totale", a twitté la patronne du premier syndicat agricole français FNSEA, Christiane Lambert sur le slogan "n'importons pas l'agriculture et l'alimentation que nous ne voulons pas chez nous".
"A quoi bon demander en France et en Europe une montée en gamme en termes de qualité et de respect de l'environnement si c'est pour importer des produits contraires à cet effort ?" s'interroge le syndicat Jeunes Agriculteurs (JA). Le commissaire européen à l'Agriculture Phil Hogan a promis vendredi soir "une aide financière" jusqu'à un milliard d'euros "en cas de perturbation du marché".
Concepcion Alvarez, @conce1