Publié le 31 août 2018
ENVIRONNEMENT
Pour sauver les abeilles, les néonicotinoïdes sont interdits en France depuis le 1er septembre
[actualisé le 3/09/2018] Depuis le 1er septembre, cinq néonicotinoïdes néfastes pour les abeilles sont interdits en France. Mais le gouvernement peut prévoir des dérogations jusqu'en 2020. Pire pour les apiculteurs : deux pesticides, qui ont le même mode d'action que les néonicotinoïdes, échappent à l'interdiction. Or, en 20 ans, la mortalité des abeilles est passée de 5 à 30 % par an.

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Bonne nouvelle pour les abeilles. Depuis le 1er septembre, cinq néonicotinoïdes sont interdits en France. Il s’agit de la clothianidine, l’imidaclopride, le thiaméthoxame, la thiaclopride et l’acétamipride. Surnommés les "pesticides tueurs d’abeilles", les néonicotinoïdes attaquent leur système nerveux, les désorientent et les affaiblissent.
Or, chaque année, 30 % des colonies d’abeilles disparaissent contre 5 % il y a 20 ans. On est dans "une phase cruciale", expliquait en mars Delphine Batho, députée et ancienne ministre de l’Environnement, "les abeilles sont les lanceuses d’alerte de l’effondrement de la biodiversité. Nous devons fermement appliquer la loi".
La crainte de dérogation
Ce que craignent les associations environnementales, ce sont les dérogations que le gouvernement pourrait accorder. Car le décret, publié le 1 er août, en donne la possibilité jusqu’en 2020 même si ces dernières seront "rares", affirmait alors Nicolas Hulot, avant sa démission, alors soutenu par le ministre de l'Agriculture. "Cette interdiction n’aura pas de sens si des dérogations sont accordées. Même en très faible quantité, les néonicotinoïdes restent hautement toxiques pour les abeilles. Il faut donc les interdire complètement", défend François Veillerette, directeur et porte-parole de Générations futures.
Les agriculteurs se plaignent eux d’être "dans l’impasse". "Le Président de la République et le gouvernement s’étaient engagés à ne laisser aucun producteur sans solution, un très grand nombre d’entre eux se retrouvent désormais dans une impasse technique dramatique", affirme la FNSEA, principal syndicat agricole.
Des alternatives tout aussi néfastes
Reste que deux autres pesticides ne font pas partie de la liste : le sulfoxaflor et la flupyradifurone. Une étude publiée dans la prestigieuse revue Nature vient de démontrer que le sulfoxaflor a la même "mode d’action biologique" que les néonicotinoïdes et qu’il a un impact négatif sur les bourdons. Les apiculteurs souhaitent donc leur interdiction.
Une décision que Nicolas Hulot soutenait. Il comptait en effet étendre l’interdiction des néonicotinoïdes aux substances chimiques ayant des modes d’action identiques. La démission du ministre fait craindre aux apiculteurs une reculade en la matière. D'autant que les géants des pesticides comme Bayer et Syngenta, qui commercialisent ces néonicotinoides, ne comptent pas se laisser faire. Bayer a déjà fait appel, le 27 juillet dernier, de l’interdiction de trois néonicotinoïdes par la justice européenne. Il a été débouté en mai par le Tribunal de l’Union européenne .
Marina Fabre @fabre_marina