Publié le 24 décembre 2018
Avec des vins plus alcoolisés à l’équilibre aromatique moins complexe et des raisins plus sucrés, les conséquences du réchauffement climatique se font déjà sentir dans les vignes. D'ici la fin du siècle, les vignobles traditionnels, comme le Bordeaux, pourraient même avoir totalement disparu. À l’occasion des fêtes de fin d’année, Novethic vous propose toute la semaine de plonger sans modération dans le monde du vin. 

Produira-t-on encore du champagne en France en 2050 ou du Bordeaux dans la région bordelaise ? Rien n’est moins sûr. Depuis plusieurs années, le viticole français subit les effets du changement climatique. Avec des épisodes de canicules, d’inondations, de sécheresses, de gel, la production de vin a baissé de 19 % en 2017 par rapport à 2016.
En 30 ans, les vendanges ont avancé de 3 semaines
Et l’Hexagone n’est pas isolé. "Les principaux pays viticoles d’Europe occidentale ont subi les mêmes aléas climatiques que la France : gel de printemps, épisode de grêle, canicule en début d’été et sécheresse en fin d’été, ce qui a conduit à limiter les volumes vendangés", explique France Agrimer.
Et plus les années sont chaudes, plus les vendanges se font tôt. Selon l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), en trente ans, les vendanges ont été avancées de deux à trois semaines en moyenne dans l’Hexagone. Cet été 2018, les premiers coups de sécateur ont même débuté mi-août en Alsace, la pluie et les fortes chaleurs ayant accéléré la maturité du raisin.
Des vins plus alcoolisés et moins équilibrés
Ces événements ont une incidence sur la qualité du fruit. Les raisins sont plus sucrés et moins acides. Résultat, les vins sont plus alcoolisés. Le taux d’alcool moyen est ainsi passé de 11,5 % dans les années quatre-vingt à 14 % aujourd’hui. Or, pour profiter de l’appellation, les vins ne doivent pas dépasser les 15 %, limite avec laquelle flirtent aujourd’hui plusieurs vins du sud de la France. Mais surtout, leur goût risque de changer.
"Les vins plus alcooleux vont perdre une partie de leur composante d’arômes frais complexes", explique Philippe Darriet, professeur d’œnologie à l’université de Bordeaux. "Ils vont tendre vers des arômes de fruits mûris avec un risque, c’est que leur potentiel de vieillissement s’amenuise au cours du temps".
D’ici 2100, les vignobles traditionnels pourraient disparaître
Le sujet a même été évoqué dans les discussions de la COP 24. Un viticulteur a en effet conçu un vin de Bordeaux dans les conditions climatiques de 2050. Cette cuvée du futur est buvable mais éloignée des crus bordelais d’aujourd’hui. 



Et la situation risque d’empirer. Si les températures augmentaient de 4 à 6 degrés d’ici 2100, "une grande partie des vignobles traditionnels pourraient disparaître", alertait Greenpeace en 2009. Or ces prévisions ne sont pas surréalistes. Selon les experts de l’ONU sur le climat, le GIEC, il y a 90 % de chance que les températures mondiales augmentent de 2 à 4,9 °C d’ici la fin du siècle. Le pire scénario évoque même une hausse de 6 degrés. 
Marina Fabre @fabre_marina

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