Publié le 22 août 2018
ENTREPRISES RESPONSABLES
[Les mots de l'éco] L’économie en voit de toutes les couleurs
L’économie est en pleine mutation. Une transformation qui se voit aussi dans les mots employés pour la décrire et l’analyser. Toute cette semaine, nous vous proposons un décryptage lexical des nouvelles tendances qui se font jour dans l’économie, la finance et le monde du travail. Nous attaquons aujourd’hui avec les nouveaux modèles économiques liés à la transition écologique.

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Marron, verte, bleue ou blanche, l’économie en voit de toutes les couleurs ! Différentes nuances qui sont autant de stades et/ou de nouveaux territoires d’exploration liés à la transition écologique.
- La brown economy (économie brune)
L’économie “brune” peut se définir comme notre modèle économique actuel basé sur les énergies et ressources fossiles et ignorant encore largement la prise en compte des externalités négatives (impacts sur l’environnement au sens large) des activités économiques.
Ses effets tant sur l’environnement que sur les populations – ex : pollution, gaspillage, épuisement des ressources, destruction de la biodiversité, changement climatique, etc.- rendent ce modèle intenable à terme.
- La green economy (économie verte)
Face à l’impasse de l’économie brune, cap sur l’économie verte ! Celle-ci est basée sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’optimisation de l’utilisation des ressources via l’économie circulaire par exemple.
Pour faire tendre l’économie mondiale vers cette économie décarbonée et plus respectueuse de l’environnement, des instruments politiques (ex : Accord de Paris sur le climat), réglementaires (ex : loi française pour la transition énergétique et la croissance verte), fiscaux (ex : taxe carbone), de marché (ex : l’EUTS, le système d’échange de quota carbone de l’Union européenne) ou juridiques ( ex : modification du code civil français par la loi Pacte pour faire intégrer aux entreprises la prise en compte des impacts environnementaux et sociaux de leurs activités dans leur gestion) sont mis en place à l’échelle internationale, nationale et locales.
Pourtant, ce modèle d’économie verte reste encore à améliorer, à la fois au niveau de son impact sur l’environnement (ex : les nouvelles technologies vertes sont aussi fortement consommatrices de minerais rares et dont la production peut être très polluante) que sur les personnes (ex : reconversion des travailleurs liés aux énergies fossiles, avec l’idée d’une "transition juste")
- La blue economy (économie bleue)
L’économie bleue a plusieurs nuances.
Pour la banque mondiale par exemple, il s’agit d’assurer une croissance économique liées aux ressources marines tout en préservant les océans en prônant une pêche responsable, le développement des énergies renouvelables marines, le nettoyage des océans, la réduction de la pollution des transports maritime, etc.
Mais si l’on se réfère à l’entrepreneur et économiste belge Gunter Pauli, l’économie bleue désigne une économie prônant une utilisation raisonnée des ressources, en favorisant leur réduction, leur recyclage et leur provenance locale (économie circulaire en circuits courts). Tout en s’inspirant du fonctionnement de la nature (biomimétisme). Trois points sont essentiels selon lui : "Un, on utilise ce que l'on a de disponible localement. Deux, on ne génère que des plus-values. Trois, on répond aux besoins de la société, en incluant la résilience, le bonheur et la santé", bref "un modèle économique qui fait du bien" !
- La white economy (économie blanche)
Nouvelle venue, la white economy est l’économie de l’évitement. Il s’agit en fait de "donner une valeur de marché à une non consommation", explique Benoît Ferres de Cameo Energy, l’un des acteurs nés de ce nouveau modèle, qui s’occupe du financement et de l’optimisation de projets d’efficacité énergétique.
Prenons l’exemple le plus avancé dans le domaine, celui de l’énergie. Pour atteindre les objectifs d’efficacité énergétique que s’est fixée l’Union européenne dans le cadre de sa politique climatique, les fournisseurs et distributeurs d’énergie se voient attribuer des obligations de réduction de leurs émissions et d’augmentation de leur efficacité énergétique sous peine de grosses amendes. Pour y faire face, ils doivent financer des projets dans ces domaines, leur donnant droit, en récompense, à des certificats d’efficacité énergétique. Résultat : tout un panel d’acteurs économiques (ex : fabricants de chaudière, installateurs, intermédiaires…) a intérêt à travailler à contribuer à améliorer les technologies existantes. De quoi créer de nouveaux marchés.
Et si l’énergie est en avance sur le sujet, rien n’empêche d’appliquer ce principe a d’autres secteurs. Une tentative avortée sur les phosphates en France serait actuellement de nouveau à l’étude, de même qu’une réflexion sur le recyclage.
Béatrice Héraud @beatriceheraud