Publié le 11 février 2015
ÉNERGIE
Transition énergétique : banques et assurances peuvent mieux faire
Jusqu’où les banques et assurances européennes contribuent-elle au financement d’une économie plus verte ? Novethic a essayé de répondre à cette question en analysant les informations publiées par les 32 principaux groupes bancaires et d’assurance européens. S’ils reconnaissent que leur responsabilité environnementale concerne les activités qu’ils financent, les informations sur leurs contributions vertes sont encore rares et morcelées. L’accent est mis sur la gestion des risques environnementaux.

Nicolas Mollo / AFP
500 milliards de dollars d’ici à 2020. C'est le montant nécessaire au financement de la transition vers une économie bas carbone, compatible avec une hausse maximale de 2° de la température globale, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Pour parvenir à cet objectif, les investissements doivent être massivement réorientés vers des financements verts. Où en sont les principales banques et assurances dans ce domaine? Pour le savoir, le centre de recherche de Novethic a épluché la communication publique (rapport annuel, rapport RSE et site Internet) des 32 plus gros groupes bancaires et d’assurance européens.
Il publie ce 11 février.
Par leurs activités de services financiers, de prêts et de financements de projets, les banques peuvent soutenir les projets d’énergies renouvelables et de technologies vertes ou empêcher la construction de nouvelles usines fortement émettrices de gaz à effet de serre (GES).
Quant aux assurances, elles peuvent également contribuer à la transition énergétique, par le biais de leurs investissements mais aussi de leurs offres de produits d’assurance plus incitatives pour les activités faiblement émettrices.
Les acteurs financiers sont d'ailleurs activement encouragés à développer des financements verts par des ONG qui développent des guides d’information, comme l’organisation américaine CERES, avec "Investing in the Clean Trillion" ou le WWF, avec "ESG integration for banks".
Mais pour le centre de recherche de Novethic, on est encore loin du compte. "L’analyse des rapports des grandes banques européennes montre qu’elles sont encore loin de jouer un rôle moteur dans ce domaine", détaillent les auteurs de l’étude.
Plus de communication mais encore peu de stratégie
En 2014, les trois quarts des institutions financières analysées ont publié un indicateur sur leurs financements verts (efficacité énergétique, énergies renouvelables, transport durable, gestion de l’eau ou des déchets…).
Il porte principalement sur les énergies renouvelables, mais les méthodologies de calcul étant extrêmement variées, toute comparaison entre les acteurs est difficile. De plus, la part des investissements alloués aux projets d’énergies renouvelables n’a pas forcément augmenté depuis l’étude précédente de Novethic en 2012.
Elle a même parfois diminué. Seules 7 entreprises déclarent vouloir augmenter leur part de financements environnementaux.
Autre difficulté, ces financements verts ne sont pas mis en perspective avec le financement des énergies fossiles, ce que dénoncent plusieurs rapports d’ONG, comme celui des Amis de la Terre et de Bank Track.
Selon Novethic, seule la banque RBS se distingue en communiquant sur son exposition aux énergies fossiles pour ses financements de projet et une partie de ses prêts.
Globalement, les principales banques et assurances européennes ont encore du chemin à parcourir pour disposer de véritables reportings exhaustifs conformes à la logique de transition vers une économie bas carbone.
Une prise de conscience de leur responsabilité environnementale
Le point le plus important de cette étude réside dans la reconnaissance de leur responsabilité environnementale indirecte par 28 des 32 institutions financières analysées.
Cette prise de conscience a amené plus particulièrement les banques françaises a adopter des politiques de gestion des risques environnementaux pour les secteurs les plus sensibles, énergie en tête. Elles définissent des standards minimaux en deçà desquels les entreprises n’investissent pas. Cela conduit par exemple Crédit Agricole CIB à exclure les projets d’exploration pétrolière offshore en Arctique.
Si les enjeux environnementaux restent apparemment secondaires pour les établissements financiers analysés, ils devraient prendre de l’importance dans les mois et les années à venir. Les gouvernements savent que c’est en finançant la lutte contre le changement climatique et les dispositifs prévus par les négociations sur le climat pour aider les pays en développement qu’on parviendra à un accord.
Cela suppose que les financements privés prennent le relais des financements publics qui se font rares et, donc, un changement de paradigme. Ce changement de modèle sera le sujet du Finance Day organisé le 22 mai prochain à Paris à l’Unesco par la Caisse des Dépôts et Paris Europlace pour préparer la conférence sur le climat de fin 2015 (COP21).
Classement des financements verts
Classement des risques environnementaux