Publié le 30 mars 2018
ÉNERGIE
EDF mise 8 milliards d’euros pour devenir un géant du stockage de l’électricité
EDF veut déployer 10 gigawatts (GW) de stockage électrique d’ici 2035. Pour cela, le groupe investit 8 milliards d’euros. Aujourd’hui, environ 100 GW de capacités de stockage sont déployées dans le monde, dont 5 GW par EDF. Elles sont à 99 % couvertes par des stations de pompage hydraulique.

EDF EN
À l’instar des énergies renouvelables, le stockage massif d’électricité sur batterie est un sujet qu’EDF a longtemps regardé de loin, le jugeant trop peu mature, trop cher, trop peu efficace. Mais ce temps est révolu. Mardi 27 mars, le PDG du premier électricien de la planète, Jean-Bernard Lévy, a annoncé un investissement de 8 milliards d’euros d’ici 2035 sur ce sujet.
Cette somme doit permettre à l'énergéticien de déployer 10 gigawatts (GW) de capacités de stockage supplémentaires d'ici 18 ans. L'électricien ne part pas de zéro. Il exploite déjà 5 GW de stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) en France. Elles permettent de stocker l'énergie grâce à des bassins de retenue d'eau en altitude.
Elles utilisent l'électricité pour pomper l'eau en période de faible demande et faire tourner la turbine lors des épisodes de forte demande. La plus puissante installation du genre en France est le barrage de Grand'Maison en Isère, avec 1,8 GW, soit plus qu'un réacteur nucléaire EPR. Aujourd’hui, ces équipements hydrauliques représentent 99 % des capacités de stockage de la planète qui s’élèvent à 100 GW.
Des batteries pour les foyers hors réseaux
Le nouveau plan s'axe sur deux objectifs. Le premier est le soutien au réseau électrique avec 6 GW de capacités à travers de puissantes batteries électrochimiques stationnaires et des STEP. Pour ces premières, le groupe annonce déjà la mise en service de trois unités dans les 12 mois, dont en particulier une batterie de 49 mégawatts (MW) à West Burton au Royaume-Uni. Pour les secondes, EDF envisage de les déployer sur la Truyère et la Dordogne. Des plans qui sont dans les cartons de l'électricien historique depuis longtemps.
En ce qui concerne les 4 GW restants, ils seront destinés aux particuliers, entrepreneurs et territoires qui souhaitent stocker l'électricité qu'ils produisent dans le cadre de l'autoconsommation. EDF a déjà lancé des offres de cette nature. En France, elle se nomme "Mon soleil et moi" et ses équivalents existent en Italie, Belgique et au Royaume-Uni. Par ailleurs, EDF veut aussi équiper les foyers offgrids, c'est-à-dire non connectés à un réseau électrique. Sa première cible est l'Afrique sub-saharienne où le Français veut équiper 1,2 million de clients d'ici 2035.
Des prix en chute libre
Selon Jean-Bernard Lévy, "le stockage est la brique supplémentaire qui doit être mise en œuvre pour mettre en place le système électrique du futur". Le PDG semble avoir été sensible au signal prix. Celui-ci est passé de 1000 dollars par kilowattheure en moyenne en 2010, à 209 dollars en 2017. Le PDG s'attend même à "un prix inférieur à 100 dollars d'ici 5 ans".
Le développement des solutions de stockage représente le deuxième grand plan d’investissement d'EDF en faveur de la transition énergétique en quelques mois. En décembre dernier, à la veille du sommet climat à Paris, le One Planet Summit, EDF a révélé "le Plan Solaire", un programme de 25 milliards d’euros visant à déployer 30 gigawatts (GW) de photovoltaïque en France sur la période 2020-2035. Une puissance à comparer aux 8 GW actuellement déployés dans l’Hexagone et aux 63,2 GW du parc nucléaire.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin