Publié le 20 mai 2022

ÉNERGIE

Agnès Pannier-Runacher et Amélie de Montchalin : les deux jambes d’Elisabeth Borne pour mener à bien la planification écologique

Après de longs jours d'attente, le gouvernement d'Elisabeth Borne a été dévoilé ce vendredi 20 mai en milieu d'après-midi. Les nominations des deux ministres chargées de mener à bien la transition au côté de la Première ministre étaient très attendues par les spécialistes de l'écologie. Il s'agit d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique, et d’Amélie de Montchalin, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Deux noms qui ne suscitent pas d'enthousiasme.

Duo planification ecologique
Agnès Pannier-Runacher (à gauche), ministre de la transition énergétique, et Amélie de Montchalin (à droite), ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.
Joel Saget / AFP

La planification écologique a enfin son trio. Emmanuel Macron avait promis de nommer une Première ministre "directement chargée de la planification écologique", encadrée par deux ministres, chargé de la "planification énergétique" et de la "planification écologique et territoriale". C’est chose faite, sur le papier. Élisabeth Borne, sera donc accompagnée d’Agnès Pannier-Runacher, nommée ministre de la transition énergétique, et d’Amélie de Montchalin, nommée ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.  

Le président réélu a choisi la continuité, avec deux fidèles macronistes qui étaient déjà présentes dans le précédent gouvernement de Jean Castex mais sur des sujets plutôt éloignés de là transition écologique et énergétique. Agnès Pannier-Runacher était en charge de l’Industrie et Amélie de Montchalin de la Transformation et de la Fonction publiques. Les réactions - mitigées - ne se sont pas fait attendre. Le député Matthieu Orphelin, ex-LREM, déplore "deux choix plus que surprenants compte tenu de leurs modestes positionnements précédents sur ces thèmes…".  

La Première ministre annonce aussi la création d’un Secrétariat général à la Planification écologique. Placé auprès d’elle, il sera chargé de coordonner l’élaboration des stratégies nationales en matière de climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie circulaire. Il veillera à la bonne exécution des engagements pris par tous les ministères en matière d’environnement. Antoine Pellion a été nommé au poste de Secrétaire général à la Planification écologique. Il assurera aussi les fonctions de conseiller au cabinet de la Première ministre, en tant que chef de pôle Écologie, Transports, Énergie, Logement et Agriculture.

Deux parcours très techno 

Diplômée de l’école de commerce HEC, ancienne élève de l’ENA et de Sciences-Po Paris, Agnès Pannier-Runacher, 48 ans en juin, est passée par le privé avant de rejoindre l’inspection des finances en 2000, puis l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, et la Caisse des dépôts. Elle fait partie des premiers soutiens d’Emmanuel Macron pour l’élection présidentielle de 2017. Pendant son mandat, Agnès Pannier-Runacher a reçu une casserole d’or décernée par l’association anti-corruption Anticor pour avoir "exercé des pressions sur plusieurs élus d’opposition afin de les dissuader de saisir le Conseil constitutionnel sur le projet de loi d’accélération et simplification de l’action publique".  

Amélie de Montchalin, 36 ans, est aussi diplômée d'HEC. Elle a travaillé dans le secteur bancaire et dans les assurances avant de rejoindre le parti LREM en 2016. Au début de son mandat de député, elle soutient notamment la suppression de l’impôt sur la fortune. "La réponse de ce nouveau gouvernement face au chaos climatique est donc de nommer ministre de la Transition écologique une ex-cadre de BNP Paribas, banque européenne championne du financement du pétrole et du gaz…" fustige le journaliste spécialiste de l’écologie Mickaël Correia.  

Bercy et Roquelaure : une rivalité ranimée ?

Toutes les trois auront pour mission de mener à bien la planification écologique défendue par Emmanuel Macron, qui a ainsi choisi de scinder le grand ministère de la Transition écologique. Une source d’inquiétude pour Arnaud Gossement, avocat spécialisé dans l’environnement. "Sortir l'administration de l'énergie du périmètre du ministère de la transition écologique et nommer deux ministres est une erreur sinon un recul. Nous revenons à la situation antérieure à 2008 et sur un acquis du Grenelle de l'environnement : l'administration de l'énergie s'éloigne de Roquelaure (écologie) et revient vers Bercy (finances). Nous allons continuer à raisonner en silo : l'énergie et le climat d'un côté, le reste des enjeux écologiques (nature, déchets, agriculture, mer, forêt) de l'autre" réagit-il sur Twitter.  

Côté Bercy, Bruno Le Maire, l’homme fort du premier quinquennat se maintient au ministère de l'Economie, des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique. Seul changement, le ministère est élargi avec l’ajout de ce dernier libellé. Par ailleurs, celui qui détient le record de longévité est propulsé numéro deux du gouvernement. Fort de ce nouveau pouvoir, "l’écrivain de Bercy" pourrait ainsi conserver sa domination sur le rival ministère de l’écologie. 

Mathilde Golla @mathgolla et Concepcion Alvarez @conce1


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