Publié le 18 novembre 2021
ÉNERGIE
Les ventes de véhicules électriques pourraient être freinées par la réglementation et le manque d'infrastructures
Les ventes de véhicules électriques n’ont cessé d’augmenter ces derniers mois en Europe. Pourtant, l’organisation Transport et Environnement craint que le renforcement de la réglementation européenne sur les émissions des véhicules d’ici 2030 soit trop laxiste, et n’incite pas les marques automobiles à poursuivre leur effort vers l’électrique. Pour les constructeurs, c’est plutôt le faible déploiement de l’infrastructure de recharge qui pèche.

@CCO
Les ventes de voitures électriques ne cessent d’augmenter en Europe. Elles ont progressé de près de 50 % au troisième trimestre 2021, selon les chiffres de la Plateforme Automobile, avec près de 550 000 véhicules écoulés. Le résultat sur les émissions de gaz à effet de serre du secteur est immédiat, selon l’organisation Transport et Environnement. Celles-ci ont baissé de 18 % depuis l’entrée en vigueur de la réglementation européenne ente 2020 et 2021, qui limite à 95 grammes de CO2 par kilomètre les émissions moyennes des constructeurs.
Mais, selon l’ONG, ce coup d’accélérateur induit par la réglementation pourrait s’essouffler dans les prochaines années. Le Green Deal européen prévoit en effet d’imposer aux constructeurs automobiles une nouvelle réduction de leurs émissions de 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2021. Un niveau que Transport et Environnement juge bien insuffisant, les cibles européennes pour 2025 et 2030 étant même en retard par rapport aux plans des constructeurs pour électrifier leurs gammes. Selon les calculs de l’ONG, si les projets des fabricants de voitures arrivent à leur terme, ils permettraient de réduire de 30 à 35 % les émissions d’ici 2025, tandis que la réglementation ne conduit qu’à une baisse de 15 %.
Au risque que les constructeurs n’exploitent pas tout le potentiel de l’électrique. Des flexibilités présentes dans la réglementation leur permettent déjà d’échapper à certaines contraintes, comme l’ajustement des émissions pour les véhicules les plus lourds. "Il est temps d’établir des objectifs réellement ambitieux si nous voulons éviter de perdre cette décennie, cruciale pour réduire les émissions de la voiture", affirme Diane Strauss, directrice France de Transport et Environnement. L’ONG demande de renforcer les objectifs sur les émissions de gaz à effet de serre, pour atteindre une réduction de 30 % en 2025 et jusqu’à 80 % en 2030, tout en supprimant les flexibilités jusque-là permises par la réglementation.
Inquiétude des constructeurs
Les constructeurs ne l’entendent toutefois pas de cette oreille. Le Green Deal a en effet déjà suscité leur inquiétude. Le président de l’ACEA (Association européenne des constructeurs automobiles) pointe le fait que l’augmentation de l’électrification des voitures ne pourra être réalisée que si les infrastructures suivent. Et renvoie la balle vers les autorités publiques. "La proposition actuelle pour une réduction encore plus grande des émissions de CO2 en 2030 nécessite une augmentation massive de la demande de véhicules électriques dans une courte période de temps, explique Oliver Zipse, président de l’ACEA et directeur général de BMW. Sans une augmentation significative des efforts de toutes les parties prenantes – ce qui inclut les États membres et les secteurs impliqués – les cibles proposées ne sont simplement pas viables."
Le lobby européen s’est d’ailleurs associé à Transport et Environnement pour demander à la Commission européenne de revoir la directive sur la performance énergétique des bâtiments. Dans une lettre commune adressée le 18 novembre aux commissaires européens, ils demandent d’instaurer un droit à l’installation d’un point de recharge sur leur lieu de résidence pour les citoyens européens, ainsi que l’obligation pour les immeubles non résidentiels d’être équipés de stations de recharge dès 2035.
Arnaud Dumas, @ADumas5