Publié le 28 juin 2019
ÉNERGIE
Loi énergie et climat : feu vert pour la fermeture des dernières centrales à charbon en France
Les députés ont donné leur feu vert pour la fermeture des quatre dernières centrales à charbon que compte la métropole d'ici 2022. Un décret plafonnera les émissions de gaz à effet de serre émises par les installations de production d'électricité à partir de combustibles fossiles, une façon de se laisser une marge de manoeuvre pour sauver la centrale EDF de Cordemais qui souhaite se convertir à la biomasse.

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L'Assemblée nationale a donné son feu vert jeudi 27 juin pour permettre au gouvernement de procéder à la fermeture des quatre dernières centrales à charbon d'ici 2022, lors de l'examen du projet de loi énergie et climat. La mesure, adoptée par 48 voix et 5 abstentions, prévoit qu'un décret plafonnera les émissions de gaz à effet de serre émises par les installations de production d'électricité à partir de combustibles fossiles situées en métropole "et émettant plus de 0,550 tonne d'équivalents CO2 par heure". Cela "conduira les exploitants des centrales à cesser l'exploitation des tranches fonctionnant au charbon".
Un accompagnement spécifique pour les salariés des centrales concernées et leurs sous-traitants est également prévu. Ils représentent environ 670 emplois directs et 740 indirects selon l'étude d'impact accompagnant le texte. "C'est un choix important en matière énergétique de tourner une page (...) et c'est concrètement la transition énergétique", a affirmé le ministre de la Transition écologique François de Rugy. Il a ajouté que sur "beaucoup de ces territoires, d'autres activités de production énergétique, d'énergies renouvelables ou d'activité industrielle liées aux énergies renouvelables vont prendre le relais".
Quid de la centrale de Cordemais
Le charbon représente 1,8 % de la part de production d'électricité, "mais c'est 35% des émissions que nous allons réduire", a souligné Célia de Lavergne, responsable du texte pour LREM, en se félicitant d'accomplir "un grand pas vers la neutralité carbone en 2050". Laure de la Raudière (UDI-Indépendants) a loué "une décision courageuse" puis l'ancien marcheur Matthieu Orphelin (non inscrit), proche de Nicolas Hulot, a salué "une avancée majeure". Julien Aubert (LR) a approuvé une mesure "qui va dans la bonne direction" tout en appelant l'exécutif à "ne pas négliger les réalités sociales". Hubert Wulfranc (PCF) s'est abstenu, estimant que "l'avenir immédiat des salariés" n'était "pas totalement sécurisé".
Deux des quatre centrales à charbon vouées à la fermeture appartiennent à EDF et sont situées à Cordemais (Loire-Atlantique) et au Havre (Seine-Maritime). Les deux autres, propriétés de l'Allemand Uniper, se trouvent à Gardanne (Bouches-du-Rhône) et Saint-Avold (Moselle). Le groupe EDF a annoncé début juin qu'il fermera celle du Havre au printemps 2021. Celle de Cordemais fait l'objet d'un projet de conversion à la biomasse, baptisé Écocombust", pour échapper à une fermeture en 2022. Le gouvernement doit décider de le poursuivre ou non à l'automne 2019.
Pour l'ex-ministre de l'Écologie Delphine Batho (non inscrite), le choix de procéder par décret découle d'une volonté du gouvernement de "conserver manifestement une marge de souplesse". "Est-ce en fait pour mettre en veille ces centrales tout en gardant la possibilité de les faire tourner quelques heures?", a-t-elle demandé. Pour fonctionner avec de la biomasse, la centrale de Cordemais aura encore besoin de 20 % de charbon...
Concepcion Alvarez, avec AFP