Publié le 14 novembre 2017
ÉNERGIE
COP23 : les États-Unis provoquent en prenant la défense des énergies fossiles
La Maison Blanche et des dirigeants d'entreprises énergétiques américaines ont défendu les énergies fossiles à la conférence climat de l'ONU à Bonn. Si Washington veut croire en l’existence du charbon "propre", les ONG ont dénoncé un mensonge.

Lundi 13 novembre, la délégation américaine pour la COP23 à Bonn a organisé une conférence sur le pétrole, le gaz et le charbon. "Il ne fait pas de doute que les énergies fossiles vont continuer à être utilisées", a déclaré George David Banks, assistant spécial du président Donald Trump pour l'environnement. Mais "il est dans l'intérêt de tous que, lorsque des énergies fossiles sont utilisées, elles soient aussi propres et efficaces que possible", a-t-il ajouté, plusieurs fois interrompu par des militants aux cris de "vous êtes des menteurs !" et "il n'y a pas de gaz propre !".
Les énergies fossiles ne sont pas la seule solution, "les énergies renouvelables ont un avenir brillant et joueront un rôle essentiel" pour l'accès à l'énergie des pays en voie de développement, a ajouté David Banks. Mais cela suppose "des avancées dans les technologies de stockage et de transmission (...), des innovations qui les rendent vraiment compétitives", a-t-il souligné.
Pas besoin du Clean Power Plan
D'ici là, l'idée que le monde peut "atteindre des objectifs climatiques ambitieux, soutenir comme il le faudrait le développement des pays pauvres et assurer l'accès à l'énergie uniquement en déployant (des énergies) solaire et éolienne est naïf. Voilà la réalité", a insisté le conseiller du Président Trump.
La réunion, organisée en marge des négociations de la COP23, dans la zone d'expositions, était intitulée "Le rôle des énergies fossiles plus propres et plus efficaces et de l'énergie nucléaire" contre le réchauffement climatique. "Vous affirmez être américains mais nous voyons à travers votre cupidité, elle tue dans le monde entier pour l'argent du charbon", a lancé un militant, interrompant pendant plusieurs minutes l'allocution de Barry Worthington, directeur de l'Association de l'Energie des Etats-Unis.
"Les énergies fossiles et le nucléaire sont toujours dominants", a relevé Barry Worthington. "Nous n'avons vraiment pas besoin" de l'accord de Paris, par lequel la communauté internationale s'est engagée à contenir le réchauffement à 2°C, "nous n'avons pas besoin du Clean Power Plan", la plan climat de l'administration Obama, a-t-il affirmé.
Les militants ont quitté la salle pour en rejoindre plusieurs dizaines d'autres aux abords de la salle, scandant "Laissez-les (les énergies fossiles) dans le sol, justice climatique maintenant". "Présidents des énergies fossiles, nous, le peuple du monde, nous unissons", pouvait-on lire sur une banderole.
Les émissions de CO2 en hausse
Francis Brooke, conseiller du vice-président Mike Pence, et des dirigeants de sociétés énergétiques comme Peabody (première compagnie charbonnière mondiale), Tellurian (gaz) ou NuScale Power (nucléaire) participaient également à la réunion.
"Promouvoir le charbon à un sommet sur le climat, c'est comme promouvoir le tabac à un sommet sur le cancer", a réagi l'ancien maire de New York Michael Bloomberg, envoyé spécial de l'ONU pour les villes et le changement climatique, sur Twitter.
Les émissions de gaz à effet de serre, à l'origine du réchauffement, sont liées pour trois quarts aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). Cette initiative américaine s'est tenue le jour de la publication d'un rapport montrant une hausse en 2017 des émissions de CO2 liées aux énergies fossiles, après trois ans de stabilité.
Donald Trump a annoncé le 1er juin sa décision de retirer son pays de l'accord de Paris -- ce qui ne pourra être effectif qu'en novembre 2020. "Je ne veux pas me lancer dans un débat avec les Etats-Unis. Mais nous connaissons tous les effets du charbon, de son extraction et bien sûr de sa combustion, sur le climat", avait déclaré dès dimanche Frank Bainimarama, le premier ministre de Fidji, président de la COP23, à la presse à Bonn.
Les États-Unis "crachent à la figure des victimes du changement climatique", en faisant la promotion des énergies fossiles, a estimé pour sa part l'ONG Les Amis de la Terre. "Le charbon propre" ça n'existe pas, a dit Piers Forster, climatologue à l'université de Leeds: "Le charbon n'est pas propre, il est dangereux", a-t-il souligné dans une déclaration au Science Media Centre de Londres.
La Rédaction avec AFP