Publié le 12 mai 2017

ÉNERGIE
La Caisse des dépôts veut pousser Shell vers une trajectoire 2°C
Faire pression sur les entreprises pour diminuer l’empreinte carbone de leurs portefeuilles, telle est la stratégie des investisseurs qui ont pris des engagements sur le climat. Les Assemblées générales sont l’occasion d’accentuer cette pression en soutenant des résolutions qui poussent les compagnies à avoir plus d’ambition. Analyse de ce jeu d’influence.

Shell International Ltd
Surexposées aux risques climat, les compagnies pétrolières doivent, en principe, proposer à leurs actionnaires des stratégies d’adaptation de leurs business model à l’objectif de 2 degrés maximum de réchauffement climatique imposé par l’Accord de Paris. Or elles sont souvent loin du compte. Leurs Assemblées générales sont donc l’occasion de lancer le débat autour des scenarios proposés et de leur crédibilité.
Prochain round : le 23 mai prochain à La Hague aux Pays Bas pour l’AG de "Royal Dutch Shell". L’ONG néerlandaise Follow This qui a déposé une résolution pour pousser la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise à verdir son activité espère recueillir le maximum de voix de grands investisseurs internationaux. Si la résolution, qui demande à Shell de définir et publier des objectifs de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre sur "un périmètre d’activité suffisant pour que cela soit compatible avec l’objectif de 2 degrés", obtient un bon score, la compagnie devra tenir compte du message que lui auront envoyé ses actionnaires et bâtir une stratégie de transition énergétique qui leur semblera crédible.
Or le conseil d’administration de Shell s’est déclaré hostile à la résolution qu’il estime "déraisonnable" et "contraire aux intérêts de la compagnie et donc de ses actionnaires". Voter ostensiblement contre les dirigeants d’une entreprise reste encore une démarche minoritaire, y compris sur le climat. C’est pourquoi les grands fonds de pension nord-américains ont d’ores et déjà annoncé qu’ils voteraient contre. Pourtant quel que soit son résultat, cette résolution met en exergue la façon dont les investisseurs de long terme exercent leurs droits de vote sur le climat.
N’ayant pas l’œil rivé sur les variations boursières à la nano-seconde, il serait logique qu’ils soutiennent une démarche "bonne pour l’avenir de Shell, bonne pour ses actionnaires et bonne pour le monde", selon l’expression des pro-résolutions. C’est en tous cas l’analyse qu’a fait la Caisse des dépôts (dont Novethic est une filiale) en décidant de soutenir la résolution. Pour la première fois, elle a rendu public ce soutien avant l’Assemblée générale. Cette annonce lui permet d’envoyer un signal fort sur son engagement en faveur de la transition écologique et énergétique et sa volonté de peser pour aligner stratégies économiques et financières sur un scenario 2 degrés.
Pour en savoir plus : voir la formation de Novethic sur "Pétrole, gaz, charbon, des modèles économiques à haut risque".