Publié le 17 septembre 2019
ÉNERGIE
BP se dit prêt à abandonner certains projets pétroliers pour respecter l'Accord de Paris
C'est un premier pas vers la transformation bas-carbone annoncée au printemps dernier. Le géant britannique des hydrocarbures BP s'est dit prêt à se désengager de certains projets pétroliers afin de respecter l'Accord de Paris sur le climat, sans toutefois préciser lesquels. Une gageure pour le groupe dont plus de la moitié du Capex d'ici 2030 est exposé au risque climat.

Les dirigeants de BP (ici Helge Lund, le président, et Bob Dudley, le directeur général) ont incité à voté en faveur de la résolution de Climate Action 100+.
"Nous sommes certains d'avoir emprunté un chemin, peut-être pas linéaire, afin de respecter les objectifs de Paris", a déclaré le directeur général du groupe, Bod Dudley, selon Bloomberg. "Il va y avoir des projets que nous ne ferons pas, des choses que nous aurions pu faire dans le passé. Certaines catégories de pétrole par exemple, qui ont une empreinte carbone différente", a complété le dirigeant, sans préciser quels actifs pourraient être concernés.
Lors de son Assemblée générale, en mai, l'entreprise avait été visée par une résolution déposée par Climate Action 100+ et demandant plus de transparence sur ses émissions de gaz à effet de serre. Celle-ci avait été soutenue par la direction et votée à 99,14 % par les actionnaires. Le président Helge Lund s'était même fendu d'une tribune dans le Financial Times pour exprimer son soutien à la résolution et annoncer la transformation rapide de la société vers un modèle bas-carbone.
Difficile de les prendre au sérieux
Quatre mois plus tard, les bonnes intentions de BP peinent encore à convaincre. "Il est difficile de les prendre au sérieux alors qu'ils continuent de rechercher du pétrole et du gaz. Affronter l'urgence climatique nécessite un modèle radicalement différent et un basculement à 100 % vers les énergies renouvelables", explique Paul Morozzo, de l'ONG Greenpeace au Royaume-Uni.
Le groupe, qui investit dans l'énergie électrique et a acquis l'année dernière le plus important réseau de bornes de recharge à usage public pour les voitures électriques dans le pays, continue de miser massivement sur les énergies fossiles. Il a ainsi négocié auprès du groupe minier anglo-australien BHP le rachat de ses actifs dans le pétrole et le gaz de schiste pour 10,5 milliards de dollars.
Selon une récente étude de Carbon Tracker, BP fait partie des pétroliers qui continuent d'investir dans des infrastructures incompatibles avec l'Accord de Paris, tel que le projet Zinia 2 d’offshore profond en Angola, d’une valeur totale de 1,3 milliard de dollars. 57 % des investissements pétroliers et gaziers entre 2019 et 2030 de BP sont ainsi considérés à risque par le think tank, dans un scénario 1,6°C de réchauffement. Sa mue va devoir se concrétiser plus rapidement pour être crédible.
Concepcion Alvarez avec AFP