Publié le 07 février 2018
ÉNERGIE
389 milliards de dollars investis dans l’exploration-production pétrolière en 2017
Depuis trois ans, les investissements dans le secteur pétrolier étaient en baisse. Mais le temps de la croissance est revenu. Un prix du baril soutenu, une croissance économique globale et une demande dynamique ont suffi à réveiller l’industrie et en particulier les pétroliers américains, constate l’Institut français du pétrole (IFPEN). Reste que dans le même temps, les émissions mondiales de CO2 repartent à la hausse faisant craindre le pire pour les objectifs de l’Accord de Paris.

Exxon
Le secteur parapétrolier peut avoir le sourire. Après presque trois ans de baisse des investissements dans l’exploration et l’exploitation pétrolière, les indicateurs repartent à la hausse. En 2017, les pétroliers de la planète ont investi 389 milliards d’euros, soit une hausse de 4 % par rapport à 2016 (374 milliards d’euros). Pour 2018, l’IFPEN (Institut français du pétrole Energies nouvelles) prévoit une nouvelle hausse de 2 à 6 %. Une rupture après deux ans de recul : -25 % en 2016 et -28% en 2017.
Cela reste néanmoins une somme très faible par rapport à ce que le secteur a connu au début de la décennie avec 733 milliards d’euros investis en 2013 et 683 milliards d’euros en 2014. L’effondrement des cours du baril en 2014 avait forcé les pétroliers nationaux et les majors à réduire considérablement la voilure. La remontée marquée du prix de l’or noir en 2017 redonne confiance au secteur. Ces six derniers mois, le baril est passé de 45 à plus de 70 dollars. Le prix moyen s’est établi à 54 dollars l'an passé contre 44 dollars en 2016.
30 % de croissance aux États-Unis
"La hausse des investissements pétroliers est toutefois déséquilibré au niveau mondial", explique François Kalaydjian, directeur économie et veille de l’IFPEN. En Europe, en Afrique et en Amérique Latine, ils ont diminué de 3 %. En revanche, ils ont cru de 24 % en Chine et de 30 % aux États-Unis.
En effet, il ne fallait pas plus que quelques dollars de hausse pour que l’industrie américaine et, en particulier celle impliquée dans le pétrole de schiste, réagisse au quart de tour. En plus de ces bons signaux économiques, la production américaine a bénéficié de la réforme fiscale de l’administration Trump. Dans la foulée, Exxon annonçait des investissements de 50 milliards dans le pays pour les cinq ans à venir contre 15 milliards initialement prévus.
La réactivité américaine a été d’autant plus vive que le pays dispose de 7 500 "Ducks", le nom donné aux puits de pétrole non conventionnel forés mais non fracturés. Ils peuvent être mis en service en quelques semaines pour une production de 500 000 barils par jour. En conséquence, les États-Unis vont être le premier producteur de pétrole de la planète en 2018 devant la Russie et l’Arabie Saoudite avec 10,4 millions de barils par jour.
Pas en ligne avec l’Accord de Paris
Si l’IFPEN se réjouit de ce retour d’activité pour les acteurs parapétroliers, en particulier les Français CGG (spécialiste de la géophysique) et Technip (spécialiste de l’ingénierie pétrolière), il regrette les mauvais signaux du côté du climat. "La dynamique de la transition énergétique est toujours là mais elle n’est pas à la hauteur de l’Accord de Paris", assure Didier Houssin, président de l’IFPEN. Les émissions de CO2 en 2017 se sont établies à 36,8 milliards de tonnes contre 36 à 36,2 milliards de tonnes par an ces trois dernières années.
L’Institut veut croire toutefois que la reprise des investissements dans le secteur gazier va favoriser la substitution du charbon vers le méthane (deux fois moins émetteur). Une urgence sachant que le charbon compte encore pour 27 % de la production d’électricité sur la planète. Ce taux atteint 50 % hors OCDE, 70 % en Chine et 80 % en Inde.
L’IFPEN se réjouit aussi que désormais 15 % des émissions mondiales de CO2 soient couvertes par un prix du carbone. 28 % le seront en 2018 grâce à la mise en oeuvre de cet outil en Chine. L’institut se félicite aussi de voir les investissements dans les renouvelables atteindre 350 milliards de dollars dans le monde. Cette somme est stable depuis trois ans mais la baisse des prix du solaire et de l’éolien indique que le nombre de projets a explosé, explique l’IFPEN.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin