Publié le 12 janvier 2023
ÉCONOMIE
Score de durabilité : comment Fnac Darty veut changer de modèle
Fnac Darty fait la part belle aux produits durables. Le distributeur, qui se présente désormais comme "le premier réparateur de France", a choisi de suivre l’évolution d’un "score de durabilité" défini pour l’ensemble du groupe afin de piloter sa stratégie. Le but est de transformer son modèle économique de la seule commercialisation de biens vers la vente de services de réparation et d'embarquer l’ensemble du secteur sur cette voie.

COO/ réparation d'un ordinateur
Encore 65% des Français ne cherchent pas à réparer leur objet avant de le remplacer et les jettent à la première panne. La principale raison ? Le coût de la réparation. Pour lever ce frein, Fnac Darty affiche le coût des pièces détachées, se mobilise pour rendre les produits réparables, forme et emploie des réparateurs et encourage ainsi la vente des produits les plus durables. Chaque bien vendu par Fnac Darty est en effet évalué en fonction "d’un score de durabilité". "Le but est de prolonger la durée de vie des produits que l’on vend, ce qui devient l’élément clé de notre stratégie", indique Géraldine Olivier, responsable RSE de Fnac Darty.
Le distributeur dresse notamment un palmarès des produits les plus fiables et les plus réparables de ses rayons. Les biens en tête de ce classement sont ensuite estampillés "choix durable" par le distributeur. Environ 150 produits sont ainsi labellisés. Ce logo est un puissant argument commercial auprès des fabricants puisque "nous observons un véritable intérêt pour l'offre Choix Durable", précise Géraldine Olivier. "Une fois qu'ils intègrent cette sélection, les produits voient leurs ventes multipliées par deux voire quatre", ajoute la responsable.
Transformer le modèle grâce aux fournisseurs
Pour établir son propre "score de durabilité", Fnac-Darty compile les notes de durabilité attribuées aux produits, pondérées par les volumes de vente. En 2019, le groupe obtenait un "score" de 100. En 2021, de 111. L’objectif : atteindre 135 en 2025. Pour y parvenir, le distributeur indexe une partie de la rémunération des salariés sur l’évolution de cette note. Les collaborateurs ont donc un intérêt direct à vendre les produits les plus durables et à encourager la réparation.
Par ailleurs, le distributeur "veut embarquer ses fournisseurs et l’ensemble de son écosystème", précise Géraldine Olivier. Les fournisseurs sont incités à rendre leurs produits le plus réparable possible, en proposant des pièces détachées même après l'arrêt de la fabrication des produits et à des prix abordables s'ils veulent être valorisés en magasin. Les clients sont aussi invités à envisager les produits sur l’ensemble de leur durée de vie. "Un produit peut être plus cher à l’achat mais s’il est plus durable et qu'on rapporte le prix à son cycle de vie, il coûte finalement moins cher à l’usage", souligne ainsi Géraldine Olivier.
Pénurie de réparateurs
La stratégie du groupe est payante puisque la fiabilité et la réparabilité des produits progressent. Par exemple, la durée de vie des lave-linges vendus en magasin est passée de huit à dix ans en un an. Quant à l’allongement de la disponibilité des pièces détachées, elle a gagné sept mois en moyenne. Par ailleurs, Fnac Darty décroche pour la première fois la meilleure note de Moody's ESG Solutions : "Avancée" (A1+). L'agence salue "la mise en place de mesures pour prolonger la durée de vie des produits" et ses efforts "pour limiter l'impact environnemental des produits".
Mais les ambitions du groupe dans la réparation pourraient se heurter à la pénurie de réparateurs. Le métier est en effet en tension. Pour contourner cet obstacle, Murfy, son concurrent qui propose des réparations d'appareils électroménagers à domicile, accélère dans la formation de ses recrues. Le groupe Fnac-Darty a quant à lui ouvert sa propre académie pour devenir réparateur d’appareils électroménagers et participer concrètement à la réduction du gaspillage.
Mathilde Golla @Mathgolla