Publié le 13 octobre 2021
ÉCONOMIE
Entre la pénurie de main d'œuvre et la quête de sens des salariés, la RSE devient un élément clé d'attractivité
"Pour attirer des talents" Geoffroy Roux de Bézieux encourage les entreprises à déployer des politiques de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Dans le contexte actuel où les entreprises souffrent d’une pénurie de main-d'œuvre, conserver ses salariés et attirer des talents sont de véritables atouts. D’autant que de plus en plus de jeunes diplômés et de salariés en poste appellent les entreprises à se transformer pour répondre à l’urgence climatique.

Vasyl Dolmatov
"Une entreprise qui ne met pas la RSE au cœur de sa politique de ressources humaines attire peu ou pas de talents", lance Geoffroy Roux de Bézieux à l’ouverture de la semaine de l’Entreprise Responsable et Inclusive 2021. Ainsi, le patron du Medef affirme que "la RSE devient un sujet de performance et d’efficacité pour les entreprises". Un message bienvenu du côté des collectifs et salariés qui incitent les sociétés à se transformer pour répondre à l’urgence climatique.
À commencer par les jeunes diplômés qui sont de plus en plus nombreux à affirmer qu’ils refuseront de rejoindre des entreprises dont la politique environnementale n’est pas suffisante. "Nous sommes heureux de réaliser que notre message passe et que les signaux faibles que nous souhaitons envoyer aux entreprises sont entendus", avance Claire Egnell, membre du collectif Pour un réveil Ecologique. Ce mouvement met la pression sur les entreprises pour les pousser à plus d'ambition climatique, sous peine de ne plus attirer les jeunes diplômés. Ils ont publié un Manifeste Étudiant qui compte près de 33 000 signataires.
D’autres mouvements embrassent le même combat comme Alumni for the Planet (un réseau d’anciens élèves de grandes écoles), le Printemps écologique (un syndicat écologique) ou plus récemment Les Collectifs. Ces groupes de salariés activistes se mobilisent pour convaincre leur entreprise de s’engager sur le chemin de la transition écologique.
Continuer à motiver les salariés
Le déploiement de politique RSE devient ainsi un argument pour fidéliser les salariés d’une entreprise et continuer à les motiver. Le troisième baromètre de la perception de la RSE en entreprise du Medef révèle en effet que, parmi les salariés ayant connaissance d’une entité RSE dans leur entreprise, ils sont 83% à déclarer être confiants dans leur avenir au sein de leur entreprise actuelle, contre 71% pour ceux travaillant dans une entreprise sans entité dédiée. Par ailleurs, 68% des salariés se voient toujours travailler dans leur entreprise dans 3 ans et ce chiffre monte à 82% dans les entreprises qui possèdent une fonction ou un service RSE.
Conserver ses salariés et attirer des talents sont de véritables atouts dans le contexte actuel où les entreprises souffrent d’une pénurie de main-d'œuvre. Les dirigeants d'entreprises font régulièrement état de leurs difficultés à recruter, notamment des travailleurs qualifiés. Selon une enquête de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) d’août dernier, 44 % des dirigeants font face à des difficultés de recrutement, 57 % déclarant même avoir dû renoncer à des marchés ou à des projets.
"On restera très vigilants sur la réalité des engagements"
Cet écueil a été amplifié par la crise du Covid-19. Chez les cadres de 35-49 ans, la quête de sens est devenue aussi importante que la rémunération, selon un sondage OpinionWay de mars 2021. La crise sanitaire a aussi accru les envies de reconversion. Près d’un actif sur cinq s’est questionné sur la possibilité d’une reconversion pendant la crise sanitaire, selon une étude menée par l’institut BVA en juin 2020. Ces changements ont été guidés par une quête de sens dans leur activité professionnelle, souligne le rapport.
"Si on peut inciter les entreprises à changer en envoyant un signal de plus, tant mieux, mais on restera très vigilants sur la réalité des engagements", alerte Claire Egnell, membre du collectif Pour un réveil Écologique. La militante déplore par ailleurs que "les entreprises s’intéressent à l’urgence écologique pour des raisons de communication (celles de convaincre des potentielles recrues) alors qu’elles devraient se saisir du sujet d’elles-mêmes, ne serait-ce que parce que les risques climatiques vont peser sur leurs chaînes logistiques".
Mathilde Golla @Mathgolla