Publié le 07 avril 2023
ÉCONOMIE
De BlackRock aux banques : sur le parcours des manifestations, leur cible c’est la finance !
Une partie des opposants à la réforme des retraites prend pour cible les acteurs financiers les plus visibles ou les plus symboliques. Des cheminots ont ainsi envahi le siège parisien de BlackRock pendant moins d’une demi-heure jeudi 6 avril, avant la manifestation générale. Le matin, Attac avait occupé celui de Natixis pendant deux heures pour protester contre la fraude fiscale. Plusieurs agences bancaires ont aussi été dégradées. Objectif commun : appeler à mobiliser les actifs financiers pour renflouer les retraites plutôt que mettre à contribution les salariés.

THOMAS SAMSON / AFP
Les vitrines des banques sur les parcours des manifestations contre la réforme des retraites sont régulièrement ciblées par les manifestants. Jeudi 6 avril, une agence du Crédit Agricole à Paris, à proximité de Denfert-Rochereau a, par exemple, été dégradée en marge de la manifestation. La journée avait commencé avec l’occupation du siège de la banque Natixis dans le 13ème arrondissement pendant deux heures. L’ONG Attac voulait ainsi dénoncer la fraude fiscale.
"On a fait cette action, en plein mouvement contre la réforme des retraites, parce que la question du financement de notre système est majeure", a expliqué Vincent Gay, secrétaire général d’Attac France, rappelant que le manque à gagner pour l’Etat français est estimé entre 80 et 100 milliards d’euros par an. Le mouvement a choisi Natixis parce que c’est l’une des banques dans lesquelles il y a eu des perquisitions spectaculaires du Parquet National Financier il y a quelques jours dans le cadre d’une affaire d’évasion fiscale dite "cumcum".
"On va les ruiner, tout reprendre et les virer!"
A l’heure du déjeuner, des manifestants, à majorité cheminots, ont envahi l’immeuble Centorial où se trouvent les bureaux de BlackRock à Paris, à l’appel du syndicat SUD. L’immeuble est habitué à ce type de démonstration. En janvier 2020, les cheminots l’avaient déjà choisi lors des manifestations contre le précédent projet de réforme des retraites qui visait à établir un régime universel et à supprimer les régimes spéciaux. L’objectif était de dénoncer le risque de remplacement du système français de retraite par répartition par un régime de capitalisation par cotisations géré par des fonds de pension. BlackRock était accusé de faire du lobbying en ce sens en France.
Occupation du siège de Blackrock ! Cheminotes, personnels de l'éducation, agents ratp, gazieres, toutes et tous ensemble ! #greve6avril @SolidairesAct pic.twitter.com/rcLGoWArTz
— SUD éducation Paris (@sudeducparis) April 6, 2023
Un mois plus tard, en février 2020, des militants écologistes réussissaient eux à enfermer les forces de l’ordre à l’extérieur pendant qu’ils occupaient l’immeuble pour faire pression sur le géant américain de la gestion d’actifs et l’inciter à prendre des engagements climat, à la hauteur de l’urgence. Si, en France BlackRock est attaqué comme symbole d’un système financier tout puissant, aux Etats Unis, la société de gestion et son dirigeant Larry Fink sont devenus la bête noire des gouverneurs républicains d’inspiration trumpiste à cause de leur politique d’intégration de critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) dans la gestion financière.
Toutes ces actions témoignent d’une tension grandissante, sur fond d'inégalités sociales, qui cible les symboles de la finance. A Nancy, le porche de la succursale de la Banque de France a été incendié et à Marseille, les manifestants scandaient en musique : "On va les ruiner, tout reprendre et les virer!"
6 Avril 2023 Marseille : 170 000 Manifestants !
ça ne faiblit pas !
On va tout reprendre ! #NonALaReformeDesRetraites pic.twitter.com/D0UGC8s2DB— UD CGT 13 (@UDCGT13) April 6, 2023
Anne-Catherine Husson Traore, directrice générale de Novethic