Publié le 29 juin 2017
Drôle d'endroit pour héberger des data centers. Dans les sous-sols de la piscine de la Butte-aux-Cailles dans le 13ème arrondissement de Paris, des chaudières numériques abritent les données de TeamTo, un studio de dessin animé. Les calories récupérées sur les data centers permettent de chauffer l'eau de la piscine à 27°C. Cette méthode, développée par l'entreprise Stimergy, évite l'émission de 45 tonnes de CO2 par an et réduit la facture d'électricité de la Mairie de Paris. Une première mondiale.

L’affluence est forte ce vendredi 23 juin. Pic de chaleur oblige, le thermomètre affiche 36°. Les Parisiens sont venus se rafraîchir dans cette piscine du 13ème arrondissement, classé monument historique. Ce qu’ils ignorent, pour la plupart, c’est que l’eau dans laquelle ils nagent est chauffée avec les data centers de TeamTO, un studio d’animation indépendant. 

"On sait qu’un ordinateur dégage de la chaleur. On va donc utiliser l’énergie qu’ils dégagent pour chauffer la piscine", explique Arnaud Guillen de Stimergy, l’entreprise qui a développé cette technologie. Six chaudières numériques ont ainsi été installées sous la piscine. Les serveurs informatiques sont immergés dans un bain d’huile à 50°C. Un jeu d’échangeurs thermiques permet de récupérer cette chaleur et de réchauffer l’eau des bassins extérieur et intérieur.
"Au début, lorsqu’on disait aux entreprises qu’on allait mettre leurs données dans des chaudières, elles nous riaient au nez", raconte Arnaud Guillen. Pour ce directeur marketing, "l’idée est de réconcilier la transition énergétique et la transition numérique"
45 tonnes de CO2 évitées par an
Et les bénéfices sont multiples. TeamTo n’a plus besoin de climatiser ses data centers, une solution très énergivore et coûteuse. "Nous avons dans l’ADN de notre studio une préoccupation environnementale forte", explique Jean-Baptiste Spieser, directeur technique de TeamTo. "Plutôt que de continuer sur le modèle de surconsommation d’électricité pour refroidir une salle serveurs, nous préférons un modèle de récupération de la chaleur produite par nos machines". 
"Nos salles serveurs sont deux fois moins chères que les salles classiques puisque nous n’utilisons pas la climatisation", souligne Arnaud Guillen. Les six chaudières permettent de plus de réaliser une économie de 45 tonnes de CO2 par an. Pour la Mairie de Paris, le prix de cette énergie est de 15 à 20% moins élevé que celle vendue par la CPCU, Compagnie parisienne de chauffage urbain. Et cela lui permet de se rapprocher un peu plus de ses objectifs Paris Climat. D’ici 2020, la municipalité devra couvrir 30% de sa consommation grâce à des énergies renouvelables. 
Dernier avantage : le silence. En 2016, des habitants de la rue Poissonnière à Paris, avaient entamé une procédure judiciaire contre Zayo une entreprise américaine qui stockait ses données sur le toit de l’immeuble. Problème : le bruit du système de ventilation générait dépassait largement le seuil autorisé. Ici, sans système de climatisation, la salle serveurs n’est à l’origine d’aucune nuisance sonore. 
Un concept décliné pour chauffer les logements
Quatre autres piscines parisiennes devraient, dans les prochains mois, être alimentées par le même procédé. Et plusieurs grosses entreprises de l’énergie se montrent très intéressées par le concept. "On croule sous les commandes", assure Arnaud Guillen. L’entreprise a également développé plusieurs chaudières numériques dans les sous-sols de logement.
Marina Fabre @fabre_marina

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