Publié le 9 octobre 2025

Les biocarburants de première génération, issus de cultures alimentaires, vont connaître un essor fulgurant d’ici 2030, selon un nouveau rapport de Transport & Environment publié ce jeudi 9 octobre. Pourtant, ils émettent 16% de CO2 en plus par rapport aux combustibles fossiles qu’ils remplacent.

L’équivalent de la surface de la France cultivée pour produire des biocarburants. Voilà ce que représenterait la production de biocarburants à l’échelle mondiale à l’horizon 2030, selon une nouvelle étude publiée ce jeudi 9 octobre par Transport & Environment (T&E). Malgré la croissance attendue des biocarburants avancés, produits à partir de déchets et résidus, l’analyse montre que 90% de la production mondiale de biocarburants reposera toujours sur des cultures alimentaires (huiles végétales, cultures sucrières et amidonnières principalement). La superficie agricole mondiale qui leur sera consacrée va ainsi augmenter de 60% d’ici 2030. Si on la comparait à un pays, elle se placerait au sixième rang des plus grandes puissances agricoles après les Etats-Unis, l’Inde, la Chine ou encore le Brésil.

 

Les biocarburants sont parfois présentés comme des solutions idéales pour la décarbonation, notamment par ceux qui plaident la neutralité technologique pour les voitures neuves vendues après 2035. Mais en réalité, ces cultures sont très problématiques sur le plan environnemental”, pointe Bastien Gebel, responsable décarbonation de l’industrie automobile à T&E France. L’automobile, mais aussi les transports maritime et aérien misent sur les biocarburants pour réussir leur décarbonation. Les experts estiment que la demande devrait ainsi croître d’au moins 40% d’ici 2030.

“Une fausse solution climatique”

Mais en raison justement de leurs impacts sur les changements d’affectation des terres, les biocarburants émettent aujourd’hui 16% de CO2 en plus par rapport aux combustibles fossiles qu’ils remplacent, calculent les auteurs de l’étude. D’ici 2030, les biocarburants devraient émettre 70 millions de tonnes de CO2 de plus que les combustibles fossiles qu’ils remplacent, soit l’équivalent des émissions annuelles de près de 30 millions de voitures diesel.

Ils ont également comparé l’impact sur l’utilisation des terres entre les biocarburants et l’énergie solaire. Le résultat est sans appel : on pourrait produire la même quantité d’énergie avec le solaire avec seulement 3% des terres utilisées pour produire des biocarburants. Grâce à l’efficacité accrue des véhicules électriques par rapport aux moteurs à combustion, cette petite part de terres pourrait en effet alimenter près d’un tiers du parc automobile mondial actuel. “Outre des réductions d’émissions plus importantes, l’électrification directe des transports routiers apparaît donc comme une solution climatique plus efficace, tout en laissant des terres arables à la production alimentaire et à la restauration naturelle”, explique T&E.

 

“Les biocarburants sont une fausse solution climatique. Ils gaspillent des terres, de la nourriture et des millions d’euros de subventions. En privilégiant le recours aux énergies renouvelables, et notamment au solaire, cela laisserait beaucoup plus d’espace pour l’alimentation et la restauration de la nature“, poursuit Bastien Gebel.

Conflits d’usage

Il est toutefois nécessaire de rappeler que l’énergie solaire a certes un moindre impact sur l’utilisation des terres, mais la fabrication des panneaux solaires, leur transport, leur utilisation et leur fin de vie sont également sources d’émissions de gaz à effet de serre. En outre, les biocarburants avancés devraient petit à petit remplacer ceux de première génération. Leur bilan environnemental est meilleur puisqu’ils ne mobilisent pas directement de cultures alimentaires.

Mais leur développement pose également de nombreux défis, notamment autour des conflits d’usage de la biomasse qui doit aider à décarboner de nombreux secteurs. “Le développement de biocarburants avancés doit être soumis à de stricts garde fous, prévient le Réseau action climat dans une note dédiée au sujet. La classification européenne actuelle ne prend pas en compte la disponibilité réelle des ressources en biomasse et les conditions de leur exploitation durable. La concurrence et la hiérarchie des usages de la biomasse et des déchets ne sont pas non plus suffisamment prises en compte.”

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes