Publié le 30 septembre 2025

TotalEnergies a confirmé, lors de sa journée investisseurs du 29 septembre, sa volonté d’augmenter sa production de pétrole et de gaz de 3% par an d’ici 2030. Une stratégie assumée par la major, mais de plus en plus critiquée par une partie de ses actionnaires, inquiets des risques climatiques, humains et financiers.

Namibie, Ouganda, Mozambique, Papouasie, Iraq… TotalEnergies entend poursuivre sa croissance dans les énergies fossiles. Lors de la journée consacrée aux investisseurs, lundi 29 septembre, la major a indiqué qu’elle tablait toujours sur une augmentation de 3% par an de sa production dans le pétrole et le gaz jusqu’en 2030. D’ici là, plusieurs projets devraient en effet aboutir à l’instar du très controversé chantier Tilenga en Ouganda, qui prévoit le forage d’environ 400 puits. Il est associé au pipeline Eacop dont 900 kilomètres ont déjà été construits, selon Patrick Pouyanné.

Le PDG du groupe a également confirmé que le projet de gaz naturel liquéfié au Mozambique est bien relancé, pour une mise en service espérée en 2029. Arrêté il y a quatre ans après une attaque djihadiste ayant fait des centaines de victimes, il reste vivement contesté alors que des djihadistes de l’organisation Etat islamique sont toujours actifs dans la région. Outre le sujet des droits humains, le projet fait aussi partie des 17 bombes carbone développées par TotalEnergies, avec un potentiel d’émissions de CO2 supérieur à une gigatonne.

Investissements sur les projets “à forte marge”

Le groupe pétrolier mise également sur la Namibie, nouvel eldorado pour le pétrole offshore avec des réserves estimées à 11 milliards de barils. Patrick Pouyanné a annoncé avoir demandé une prolongation de sa licence sur place, afin de pouvoir produire plus longtemps et d’étendre son plateau de production. Selon lui, l’entreprise devrait être en mesure de prendre une décision d’investissement dans les six prochains mois, pour un démarrage de la production à l’horizon 2030.

Le groupe assume donc de poursuivre sur la voie des hydrocarbures fossiles afin de “répondre à la demande d’énergie mondiale” et “financer les investissements dans les renouvelables”. Il explique toutefois se concentrer ses investissements sur les projets “à forte marge” dans l’exploration-production. En parallèle, il annonce une nouvelle baisse ses investissements prévus dans le bas-carbone, dont les énergies renouvelables, de 500 millions de dollars, à environ 4 milliards par an. “Nous adaptons notre stratégie de transition à la réalité de la demande et aux attentes des clients”, a souligné Patrick Pouyanné.

Le groupe, qui table sur une production d’électricité de 100 et 120 térawattheures (TWh) par an d’ici 2030, dont 70% sur base renouvelable et 30% sur base flexible gaz, a été choisi par le gouvernement pour piloter le plus grand projet d’éolien en mer en France, au large du Calvados. “L’investissement le plus important de TotalEnergies depuis trente ans en France”, précise la major. La décision finale d’investissement pour ce projet est attendue début 2029.

Ces investisseurs qui disent non à TotalEnergies

Le positionnement de l’entreprise est sous le feu des critiques des ONG mais il est également loin de faire consensus au sein des investisseurs, comme le révèle une nouvelle étude de Reclaim Finance. “En France, des assureurs comme CNP Assurances, MACIF ou MAIF ou des gestionnaires d’actifs comme Mandarine Gestion ou Tikehau Capital ont adopté des politiques qui excluent tout nouvel investissement dans les entreprises qui, comme TotalEnergies, développent de nouveaux champs de pétrole et de gaz”, explique l’ONG. Elle cite aussi le cas du gestionnaire d’actifs Ofi Invest Asset Management qui a voté contre la réélection du PDG de TotalEnergies en 2024 et contre sa rémunération en 2024 et 2025.

En Europe, le gestionnaire d’actifs néerlandais MN a exclu TotalEnergies de son portefeuille, une décision qu’il a justifiée “après des années d’engagement intensif, mais infructueux, sur le climat“. Le gestionnaire d’actifs néerlandais Cardano (anciennement Actiam) et le fonds de pension danois PKA ont également choisi de vendre leurs investissements dans TotalEnergies en raison du projet EACOP en Ouganda. Le gestionnaire d’actifs scandinave Nordea Asset Management a quant à lui “mis en quarantaine” TotalEnergies sans achat de nouvelles obligations ni d’actions. Union Investment, deuxième actionnaire allemand de TotalEnergies, a également exclu TotalEnergies de ses fonds “durables”.

Des cas qui restent encore très symboliques. Il faut dire qu’en face, TotalEnergies promet un retour aux actionnaires de plus de 40% de son flux de trésorerie, et ce “quel que soit le prix de l’énergie”. “La priorité est donnée au dividende”, insiste Patrick Pouyanné.

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