Publié le 29 septembre 2025

Les entreprises reculent sur le reporting climatique, et certaines réduisent même leurs investissements dans la transition climatique, selon le BCG… Avec en toile de fond, l’émergence de l’IA comme outil de gestion des politiques climatiques.

Les reculs politiques en matière climatique, que ce soit en Europe ou sous l’administration Trump aux Etats-Unis, sont-ils déjà en train d’avoir raison de l’engagement climatique des grandes entreprises mondiales ? Une récente étude, menée par le BCG auprès de près de 2 000 responsables d’entreprises internationales de plus de 1 000 salariés montre en tout cas qu’une majorité d’acteurs économiques d’envergure ont déjà commencé à reculer en matière de mesure de leur impact carbone.

Cette année, seules 7% des entreprises interrogées disent en effet mesurer effectivement leurs émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble de leur périmètre business (sur les scopes 1, 2 et 3, intégrant les émissions indirectes). Le chiffre est en recul pour la deuxième année consécutive, et en baisse de 3 points par rapport à 2023, signe d’un désengagement inquiétant à quelques mois d’une COP30 sur le climat boudée par le secteur privé.

Moins d’objectifs de réduction des émissions, reflux en Europe

En outre, les acteurs économiques ne semblent toujours pas à la hauteur sur l’identification et la prévention des risques climatiques : 12% à peine des entreprises interrogées disent avoir pleinement identifié les risques physiques et les risques de transition liés à la crise climatique pour leur modèle d’affaires, et ce alors que la crise climatique constitue plus que jamais un risque économique majeur. Elles ne sont également que 13% à avoir défini des objectifs précis de réduction des émissions sur ce même périmètre, un chiffre en chute de 6 points par rapport à 2023.

Autre signe de reflux : l’Europe, autrefois leader en matière climatique, voit ses entreprises accumuler les retards en matière d’engagement climatique, alors que le continent s’embourbe dans le débat sur le prétendu fardeau administratif du reporting extra-financier. 12% seulement des entreprises en France ou en Allemagne ont ainsi mis en place des objectifs de réduction de leur impact carbone contre plus de 20% en Chine ou au Japon, l’Asie prenant ainsi la place de champion mondial de la transition climatique.

Des annonces d’investissement en demi-teinte

En plus de ce recul des pratiques, près de 30% des entreprises interrogées annoncent déjà baisser leurs investissements liées à la transition climatique, que ce soit en matière d’adaptation ou d’atténuation climatique, et 8% prévoient de ne pas les augmenter. Un peu moins de 2/3 des entreprises interrogées compte augmenter ses investissements (principalement dans les technologies liées à la transition énergétique), de 16% en moyenne, soit 69 millions de dollars par entreprise et par an selon le rapport.

De plus en plus d’entreprises constatent pourtant l’intérêt des investissements climat. 82% des entreprises déclarent ainsi tirer un gain financier de leurs projets de décarbonation, et près de 220 millions d’euros de bénéfice seraient ainsi générés par les 6% d’entreprises tirant le plus de valeur de leurs projets de décarbonation, selon le BCG. Une entreprise sur deux estime même que ses investissements dans la décarbonation devraient avoir un retour sur investissement d’au moins 10%, que ce soit en évitant l’exposition aux risques climatiques (risques physiques ou risques de transition) ou en contribuant à la création de valeur.

Autre constat de l’étude : une part croissance des entreprises, notamment parmi les plus avancées en matière climatique, utilisent désormais les outils de l’intelligence artificielle (IA) pour faciliter leurs actions de durabilité. Que ce soit pour faciliter le reporting, optimiser les process, ou identifier plus précisément et de façon plus fiable les risques climatiques, près d’une entreprise sur deux investit dans des outils d’IA générative ou d’IA prédictive. Des outils utiles s’ils sont mis au service d’une véritable politique climatique, reposant sur un reporting fiable et des plans de transition crédibles, juge le BCG.

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