Publié le 10 septembre 2025

Mistral AI, le champion français de l’intelligence artificielle vient de boucler une nouvelle levée de fonds lui permettant de dépasser les 11 milliards d’euros de valorisation. Une étape stratégique pour la souveraineté numérique européenne rendue possible grâce à un partenariat avec le leader néerlandais des semi-conducteurs, ASML.

Mistral AI fait son entrée dans la cour des grands. Mardi 9 septembre, la start-up française d’intelligence artificielle a annoncé avoir bouclé une levée de fonds d’un montant de 1,7 milliards d’euros. Grâce à ce nouveau tour de table, elle décroche le statut de décacorne, terme désignant une start-up dont la valorisation dépasse les 10 milliards d’euros. Mistral AI est en effet aujourd’hui valorisée à 11,7 milliards d’euros, contre 5,8 milliards d’euros au printemps 2024. Une première pour une entreprise de la French Tech.

Cette levée de fonds marque également l’arrivée au capital de la start-up d’ASML, leader néerlandais des semi-conducteurs, dont l’investissement atteint 1,3 milliards d’euros, complété par six autres sociétés comme le fonds de capital-risque américain Andreessen Horowitz, la banque publique d’investissement Bpifrance ou encore le groupe spécialisé dans les puces électroniques Nvidia. L’opération permet à ASML de prendre environ 11% des parts de Mistral AI et d’obtenir un siège au sein de son conseil stratégique afin de “jouer un rôle consultatif dans les décisions futures de Mistral AI en matière de stratégie et de technologie”.

Souveraineté technologique

Le fabricant d’équipements pour semi-conducteurs devient ainsi l’actionnaire principal, derrière les trois co-fondateurs de la start-up, Arthur Mensch, Guillaume Lample et Timothée Lacroix. Mais ce rapprochement n’est pas seulement financier. Concrètement, les équipes de Mistral AI et d’ASML collaboreront sur le terrain durant cinq ans afin de “sortir l’intelligence artificielle des laboratoires et l’appliquer aux technologies les plus avancées”, précise Arthur Mensch, co-fondateur de Mistral AI, aux Echos, notamment à destination des clients d’ASML.

Mais au-delà de l’étape stratégique que représente ce nouveau tour de table pour Mistral AI se dessine la construction d’une véritable alternative européenne aux géants américain et chinois de l’intelligence artificielle. “Ce partenariat unique en son genre entre un fabricant d’équipements pour semi-conducteurs et une entreprise leader dans le domaine de l’IA permettra de réunir leurs compétences respectives et uniques : les capacités de pointe d’ASML en matière de produits et services de lithographie holistique et l’expertise de Mistral AI”, détaillent les deux entreprises dans un communiqué.

Réaffirmer son indépendance

Une alliance qui renforce la souveraineté technologique de l’Europe, tout en “réaffirmant l’indépendance de l’entreprise”. Il y a quelques semaines, un tout autre scénario semblait en effet se profiler. Courant juillet, des discussions portant sur un éventuel rachat auraient eu lieu entre la Mistral AI et Apple. Une offre que les fondateurs de start-up auraient finalement déclinée, évitant ainsi que l’entreprise tricolore ne passe sous pavillon américain. “Mistral peut s’imposer comme un acteur européen incontournable, une véritable alternative aux modèles non-européens”, confirme Franck Sebag, associé chez EY, auprès de l’AFP.

La pépite française a d’ailleurs multiplié les partenariats ces derniers mois. Elle participera par exemple à la création du plus grand campus IA d’Europe en région parisienne, couvrant l’ensemble du cycle de vie de l’intelligence artificielle, aux côtés de Nvidia et MGX, le fonds d’investissement des Émirats Arabes Unis. Mistral a également signé plusieurs contrats avec de grandes entreprises dont Veolia, BNP Paribas ou encore CMA-CGM avec qui elle développera des solutions sur mesure dans le cadre d’une collaboration chiffrée à 100 millions d’euros.

Mistral AI reste cependant loin derrière ses concurrents américains en termes de capacités financières. Anthropic, à l’origine du modèle Claude, est aujourd’hui valorisé à 183 milliards d’euros après une importante levée de fonds de 13 milliards d’euros bouclée début septembre. De son côté, des négociations menées par OpenAI pourraient prochainement faire évoluer sa valorisation de 300 milliards de dollars à près de 500 milliards, faisant d’elle la start-up privée la plus valorisée au monde.

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