Publié le 4 août 2025

Après l’Egypte, les Emirats arabes unis, et l’Azerbaïdjan, le Brésil, pays hôte de la COP30 n’échappe pas non plus aux critiques pour ses liens avec les énergies fossiles. La présidence brésilienne a choisi l’agence Edelman pour gérer sa communication, celle-ci travaillant aussi pour Shell…

C’est l’agence Edelman qui a été sélectionnée pour s’occuper des communications autour du sommet de la COP30 de Belém, qui se tiendra en novembre prochain. Gestion des relations avec les médias, supervision de la production sur les réseaux sociaux, engagement des parties prenantes stratégiques ou encore élaboration d’un plan de gestion de crise, voici quelques-unes des missions affectées à l’agence de relations publiques, selon un document officiel.

Mais il se trouve que parmi les autres clients d’Edelman – les plus lucratifs d’ailleurs – se trouvent aussi des entreprises des énergies fossiles comme Shell, Chevron ou ConocoPhillips, selon la F-list 2024 publiée par Clean Creatives qui documente les relations connues entre les clients du secteur des combustibles fossiles et les agences de publicité et de relations publiques. En mai 2024, Edelman et Shell ont ainsi renouvelé leur collaboration, l’agence considérant pourtant publiquement “le changement climatique comme la plus grande crise à laquelle notre société est confrontée”.

Processus de sélection “rigoureux

Selon Climate Home News, qui révèle l’affaire, “la personne qui supervise le travail de l’entreprise avec Shell au Brésil travaillera également sur le contrat COP30”. Son expérience met en évidence “la promotion d’entreprises, notamment Petrobras, Shell et Chevron, et la protection de leur réputation”, poursuit le média en ligne. Un autre cadre d’Edelman, engagé pour la COP30 , a travaillé par le passé sur un contrat avec l’Association brésilienne des industries des huiles végétales, connue sous le nom d’Abiove, une organisation professionnelle du soja accusée d’affaiblir les mesures visant à prévenir la déforestation en Amazonie.

La présidence de la COP30 a défendu la nomination d’Edelman, affirmant dans un communiqué que l’entreprise avait remporté un processus de sélection “rigoureux”. Contacté par Novethic, un porte-parole d’Edelman assume : “Edelman s’engage en travaillant avec divers clients, notamment des entreprises du secteur de l’énergie, qui ont un rôle essentiel à jouer dans la transition, comme l’ont confirmé la COP28 et le Consensus des Émirats arabes unis”. Et d’ajouter : “Notre partenariat avec la présidence de la COP30 permet de contribuer de façon décisive au plus grand rassemblement mondial consacré à l’action climatique et de soutenir la transition vers un avenir neutre en carbone.”

L’objectif des négociations sur le climat de l’ONU est de réduire l’utilisation des combustibles fossiles, responsables du changement climatique. L’objectif affiché des clients d’Edelman, comme Shell, Chevron et ConocoPhillips, est de vendre davantage de combustibles fossiles. Edelman ne peut représenter ces deux groupes de clients sans se retrouver face à des conflits d’intérêts flagrants, qui présentent des risques à la fois éthiques et de réputation”, constate Duncan Meisel, directeur exécutif du groupe climatique Clean Creatives, cité par PRWeek.

Conflits d’intérêts

Les conflits d’intérêts entre les représentants des énergies fossiles et l’organisation des COP sont pointés du doigt depuis des années par la société civile. En juin dernier, lors de l’intersession de Bonn, une coalition de 450 organisations a manifesté pour demander l’exclusion des pollueurs (“Kick Big Polluters Out”) et la mise en place d’un “cadre de responsabilisation” qui mette fin “à la capacité des grands pollueurs à dicter les règles de l’action climatique”.

Ils appellent à rendre publique la divulgation des conflits d’intérêts pour tous les participants aux négociations sur le climat et l’adoption d’une feuille de route pour la responsabilisation. “Les combustibles fossiles, l’agroalimentaire et l’industrie pharmaceutique n’ont pas leur place dans ces enceintes décisionnelles”, a lancé Tom Goldtooth, du Réseau environnemental autochtone. L’année dernière, plus de 1 770 lobbyistes fossiles avaient obtenu une accréditation pour la COP29 de Bakou, selon les calculs de la coalition d’ONG.

Cette polémique vient s’ajouter à celle sur le manque d’hébergements et à l’explosion de leur prix à Belém, le Brésil confirmant que la COP30 y aura bien lieu. Mardi 29 juillet, plusieurs pays africains, des pays insulaires et d’autres pays en développement avaient officiellement demandé à déplacer le lieu de la conférence, parce qu’ils n’avaient pas les moyens de participer à la conférence. Le Brésil a fait le choix d’organiser le sommet en plein cœur de l’Amazonie. Un symbole qui pourrait lui coûter cher.

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes