Publié le 23 juillet 2025

Ce mercredi 23 juillet s’ouvre à Victoria Falls, au Zimbabwe, la COP15 sur les zones humides (Convention Ramsar). Ces écosystèmes méconnus du grand public jouent pourtant un rôle primordial pour la planète et ses habitants, avec une valeur des services rendus estimée à 39 000 milliards de dollars par an, révèle une nouvelle étude.

Jusqu’à 39 000 milliards de dollars de bénéfices chaque année, c’est la valeur estimée des services écosystémiques rendus par les zones humides. Cela représente 36,7% du PIB mondial. Une nouvelle étude publiée en amont de la 15e Conférence des Parties à la Convention sur les zones humides (COP15), qui s’ouvre ce mercredi 23 juillet au Zimbabwe, présente les données économiques et scientifiques les plus récentes sur la perte, la dégradation des zones humides et les mesures urgentes nécessaires pour inverser les tendances.

Les zones humides représentent 6% de la superficie terrestre. Elles désignent les herbiers marins, les récifs coralliens, les mangroves, les lacs, rivières et cours d’eau, marais et marécages intérieurs, ou encore les tourbières. Peu connus, ces écosystèmes jouent pourtant un rôle majeur pour l’approvisionnement en eau propre, la protection contre les inondations, la sécurité alimentaire ou encore le stockage du carbone. Mais nous continuons de les perdre à un rythme de 0,52% par an. Les zones humides comptent parmi les écosystèmes les plus menacés de la planète.

20% des zones humides perdues d’ici 2050

Depuis 1970, 22% des zones humides ont ainsi disparu, ce qui équivaut à plus d’un demi-milliard de terrains de football et plus de 5 000 milliards de dollars évaporés. Les chercheurs préviennent : si la tendance actuelle se poursuit, ce sont encore 20% des zones humides qui pourraient être perdues d’ici à 2050. A contrario, si toutes les zones humides restantes sont correctement gérées jusqu’en 2050, elles fourniront sur cette période une valeur actuelle nette (VAN) supérieure à 200 000 milliards de dollars.

Les évaluations des services écosystémiques indiquent que, pour les êtres humains, il y a plus à gagner avec les zones humides qu’avec d’autres écosystèmes naturels. Les estimations mondiales ont déterminé que les zones humides procurent en effet plus de services écosystémiques par unité de surface. Par exemple, des travaux de recherche estiment des valeurs moyennes annuelles par hectare comprises entre 860 à 18 830 dollars pour différents types d’habitats forestiers et boisés, et 6 750 dollars pour les écosystèmes de prairies. Mais elles atteignent 102 400 dollars pour les récifs coralliens, 42 370 dollars pour les écosystèmes côtiers, 91 800 dollars pour les mangroves et 38 840 dollars pour les rivières.

Les zones humides sont le capital de la planète et pourtant nos investissements favorisent toujours plus leur destruction que leur rétablissement”, commente Musonda Mumba, secrétaire générale de la Convention sur les zones humides. Parmi les pistes mises en avant par le rapport pour préserver les zones humides, il y a la réorientation des flux financiers afin de ne plus financer les activités qui portent atteinte aux zones humides. Le sujet sera au cœur de la COP15 sur les zones humides, qui rassemblera 172 Etats ou parties à la convention. Dans ce cadre, ils s’engagent à œuvrer pour l’utilisation rationnelle de toutes leurs zones humides ; à inscrire des zones humides appropriées sur la Liste des zones humides d’importance internationale (la “Liste de Ramsar”) et à assurer leur bonne gestion ; et à coopérer au plan international dans les zones humides transfrontières, les systèmes de zones humides partagés et pour les espèces partagées.

Le potentiel des tourbières

Parmi les zones humides les plus menacées, il y a les tourbières, qui représentent 3% des surfaces terrestres émergées. Pourtant, selon une étude publiée en février dernier, en moyenne, seules 17% d’entre elles se trouvent dans des zones protégées. La protection était même inférieure dans les trois pays comptant le plus de tourbières : le Canada, la Russie et l’Indonésie. En outre, près d’un quart des tourbières sont soumises à une forte pression due aux activités humaines.

Les tourbières sont pourtant particulièrement efficaces dans la lutte contre le changement climatique. Elles stockent déjà 30% du carbone retenu dans les sols, soit l’équivalent de plus d’un demi-siècle d’émissions mondiales actuelles. Mais leur potentiel semble avoir été sous-estimé. Une étude publiée dans la revue Nature climate change a montré qu’avec la hausse de la température globale, la photosynthèse microbienne dans les tourbières est stimulée. Celle-ci pourrait ainsi compenser jusqu’à 14% des émissions futures de CO2 d’ici 2100, estiment les auteurs.

Cela apporte un peu d’espoir car les tourbières sont souvent présentées comme des bombes à retardement, relâchant du méthane à mesure que le changement climatique s’accentue. Le rôle des microalgues pourra venir compenser en partie cet effet. Mais cela ne signifie pas pour autant que nous pouvons relâcher nos efforts d’atténuation.

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