Publié le 13 mai 2025

Les distributeurs vont devoir revoir leur copie. Dans une nouvelle étude, le Réseau Action Climat épingle les supermarchés français pour leur manque d’engagement en faveur d’une alimentation plus végétale, juste et durable. Ils occupent pourtant une place centrale dans la décarbonation de nos assiettes.

Le bulletin de notes est sévère. Pour la deuxième année, le Réseau Action Climat (RAC) a évalué la contribution des supermarchés français au développement d’une alimentation plus durable, aujourd’hui à l’origine de 24% de nos émissions de gaz à effet de serre. Le but, examiner les engagements et les pratiques de huit enseignes de la grande distribution, représentant plus de 90% des parts de marché, alors qu’elles jouent un rôle clé dans la transition alimentaire du pays : les Français y achètent 78% des produits consommés à domicile.

Pour cela, l’étude s’intéresse à trois grands critères : la transparence, les plans d’action et la promotion d’une alimentation plus responsable. Résultat, Carrefour et Monoprix arrivent en tête du classement, progressant respectivement de 3,5 points par rapport à 2023. La Coopérative U obtient tout juste la moyenne, tandis qu’Auchan, Lidl et Intermarché stagnent légèrement en dessous. Aux deux dernières places, les mauvais élèves sont E.Leclerc, dont la note passe de 6 à 4,5/20, et Aldi qui décroche la note de 2/20.

🛒 Supermarchés : bons ou mauvais élèves pour une alimentation bonne pour la santé et la planète ?

Deux ans après sa première évaluation des enseignes de supermarchés, le Réseau Action Climat revient avec une nouvelle édition actualisée 🧵 (1/4)

[image or embed]

— Réseau Action Climat (@reseauactionclimat.org) 13 mai 2025 à 10:08

Les produits carnés encore omniprésents

Si le RAC liste quelques progrès généraux concernant la transparence et les engagements des enseignes, il pointe néanmoins un fort “décalage avec [les] pratiques réelles qui ne prennent pas encore ou très peu en considération les enjeux écologiques et de santé publique”. “Sur les plans d’action, on constate des progrès de pratiquement toutes les enseignes. Mais beaucoup misent sur le fait qu’elles pourront décarboner leurs activités. Or, si elles n’agissent pas pour réduire en volume les ventes de viande et de produits laitiers, elles n’atteindront pas leurs objectifs”, explique Benoît Granier, responsable alimentation au RAC, au Monde.

La viande et les produits laitiers, qui représentent les deux tiers de nos émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation, restent en effet omniprésents dans les rayons et les catalogues de promotions des supermarchés. Un constat d’autant plus important pour les produits carnés ultra-transformés et issus d’élevages industriels. En comparaison, les alternatives végétales comme les légumineuses et la viande “biologique et sous label” pâtissent d’une moindre visibilité. Seuls 8% des plats préparés ne contiennent par exemple ni viande ni poisson. Pourtant, les recommandations de santé soulignent l’importance de réduire notre consommation de produits carnés, comme la charcuterie.

La France en retard

Une situation qui tranche avec certains de nos voisins européens. Le RAC observe en effet une meilleure prise en compte des enjeux sanitaires et climatiques par les distributeurs allemands, britanniques et néerlandais. En cause, l’adoption de stratégies “ambitieuses” au sein de ces pays, alors que la France tarde à définir une feuille de route claire sur le sujet. Une nécessité pour les professionnels du secteur note l’association, qui a interrogé en parallèle une cinquantaine d’experts. “Parmi les chantiers identifiés, la nécessité d’améliorer la durabilité de l’offre et de mettre les pratiques commerciales de mise en avant, de marketing et de promotions au service de la transition vers une alimentation saine, durable et accessible à toutes et tous”, estiment les distributeurs.

En amont de la publication par le gouvernement d’une Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat, prévue dans les prochaines semaines, le RAC appelle à aller un cran plus loin, avec la définition d’objectifs de réduction de la consommation de viande et la mise en place de garanties pour une rémunération juste des éleveurs français produisant une viande locale et de qualité. L’association réclame également l’interdiction des publicités promouvant les produits trop gras, sucrés et salés, en particulier à destination des enfants.

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes