Publié le 21 avril 2025

En l’espace de quelques jours, l’administration Trump a proposé d’assouplir la définition du “mal” fait aux espèces en voie d’extinction pour octroyer plus facilement des permis de forage et a réautorisé la pêche commerciale dans un sanctuaire marin de l’océan Pacifique. Deux mesures perçues par les scientifiques et les associations environnementales comme une “attaque contre le patrimoine”.

Après s’être attaqué aux fonctionnaires, puis aux scientifiques, c’est au tour des espèces menacées d’extinction d’être dans le viseur de Donald Trump. Son administration est prête à revenir sur l’une des lois américaines cruciales pour la protection des espèces menacées. Mercredi 16 avril, une proposition de loi publiée par des divisions des ministères de l’Intérieur et du Commerce, le US Fish and Wildlife Service et la National oceanic and atmospheric administration (NOAA), appelle à redéfinir la notion du “mal” fait aux espèces menacées d’extinction.

Voté en 1973, l’Endangered species act (ESA) interdisait de faire du “mal” ou des “dommages” aux animaux ou aux plantes menacés d’extinction. Cela comprenait notamment, explique le ministère, “la modification de leur habitat”. Or, l’objectif de cette révision est d’exclure de cette définition la destruction des habitats des animaux ou des végétaux et de la cantonner au seul fait de tuer ou de blesser intentionnellement un animal.

Laisser place aux projets industriels

Mais les associations environnementales sont rapidement montées au créneau. À l’instar d’Earthjustice, pour qui “cette proposition permettrait aux industries forestières, pétrolières et minières ainsi qu’à l’État ou aux particuliers, de détruire l’habitat d’espèces protégées, même si les dégâts font du mal à ces espèces”. Dans un communiqué, l’association explique que “l’administration Trump tente de réécrire la biologie fondamentale [….]. Comme chacun de nous, les espèces en danger ont besoin d’un endroit sûr pour vivre”. Pour Drew Caputo, avocat de l’association environnementale Earthjustice, ce changement de loi “menace un demi-siècle de progrès dans la protection et la restauration des espèces menacées“.

Même colère chez les scientifiques, déjà vivement attaqués et muselés par le gouvernement. “Il n’existe aucun moyen de protéger les animaux et les plantes de l’extinction sans protéger les lieux où ils vivent, et pourtant l’administration Trump ouvre les vannes à une destruction incommensurable de l’habitat”, explique Noah Greenwald, directeur des espèces menacées au Center for Biological Diversity. Ainsi, les citoyens américains ont un délai de 30 jours pour soumettre leurs commentaires avant que la proposition ne soit finalisée. “Nous sommes prêts à engager des poursuites pour faire en sorte que l’Amérique n’abandonne pas sa faune en danger”, a prévenu Earthjustice.

Un sanctuaire marin rayé de la carte

Malgré les vives critiques suscitées par cette révision, Donald Trump continue de détricoter toutes les mesures environnementales et de protection de la biodiversité. Le lendemain, jeudi 17 avril, le chef de l’État a signé un décret visant à réautoriser la pêche commerciale dans un vaste sanctuaire marin situé au milieu de l’océan Pacifique et abritant l’un des écosystèmes les plus vulnérables au monde. Ce sanctuaire, nommé “Pacific Remote Islands Marine National Monument”, a été créé en 2009 par le président George W. Bush puis largement étendu en 2014 par Barack Obama. Il comprend aujourd’hui plus de 1,2 million de kilomètres carrés d’eaux protégées, soit près de deux fois la superficie du Texas.

Jusqu’à présent, la pêche commerciale ainsi que l’extraction de ressources, notamment minières, y étaient interdites, à l’exception de la pêche traditionnelle et de loisir. Mais pour Donald Trump, cette interdiction de la pêche commerciale “désavantageait les pêcheurs commerciaux honnêtes des États-Unis” en les poussant “à pêcher plus loin au large dans les eaux internationales pour rivaliser avec des flottes étrangères mal réglementées et fortement subventionnées“. D’ailleurs, selon lui, “une pêche commerciale correctement gérée ne mettrait pas en danger les objets d’intérêt scientifique et historique” protégés par le sanctuaire.

À noter que depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump, ouvertement climatosceptique, tranche avec la politique de son prédécesseur, Joe Biden, en revenant sur une série de normes environnementales, qu’il juge notamment néfaste à l’économie américaine.

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