Publié le 7 mars 2025
Depuis quelques mois, le prix des œufs flambe aux Etats-Unis. En cause, une épidémie de grippe aviaire qui décime les élevages américains. Mais derrière cette crise qui pèse lourd sur le portefeuille des consommateurs déjà affectés par l’inflation, certains experts pointent les conditions de production et les effets de la hausse des températures sur le développement du virus.
- Aux Etats-Unis, le prix des œufs a augmenté de 53% en seulement un an, selon le Bureau américain des statistiques du travail. En moyenne, une boite de douze œufs de catégorie A coûtait en janvier dernier 4,95 dollars, contre 2,52 dollars un an plus tôt. Un prix record qui devrait continuer de croître si l’on en croit les prévisions du ministère de l’Agriculture. Ce dernier envisage une nouvelle hausse pouvant aller jusqu’à 40% en 2025. Craignant une dégradation de la situation, les consommateurs américains, qui mangent en moyenne 5 œufs par semaine et par habitant, se sont rués dans les supermarchés, poussant certains distributeurs comme Costco à instaurer des quotas d’achat.
- Derrière cette “eggflation” se cachent les impacts de la grippe aviaire H5N1 qui fait des ravages aux Etats-Unis depuis 2022. Pour contenir la maladie, plus de 160 millions de volailles ont été abattues durant les trois dernières années, dont 14 millions de poules pondeuses rien que sur le mois de janvier 2025, avec des conséquences directes sur les stocks d’œufs. Ceux-ci seraient actuellement environ 15% inférieurs à la moyenne de ces cinq dernières années.
- Face à l’ampleur de l’épidémie, les conditions de production sont pointées du doigt. Les foyers se seraient ainsi principalement déclarés dans des élevages de type industriel, où les poules vivent dans des cages très proches les unes des autres. Une configuration qui favorise l’émergence et la propagation d’épizootie. Mais la taille des élevages pose aussi problème. En février dernier, le virus a par exemple été détecté dans une ferme située dans l’Ohio, comptant plus de 3 millions de poules pondeuses. Afin de limiter les risques, l’ensemble du cheptel a dû être abattu comme le prévoit la réglementation fédérale.
- Le changement climatique joue également un rôle dans le développement de la grippe aviaire. “Il est de plus en plus évident que le changement climatique accélère la propagation mondiale et l’émergence de nouveaux variants du virus H5N1”, expliquent Nitish Boodhoo et Shayan Sharif, deux chercheurs en immunologie à l’université de Guelph, au Canada, dans un article publié par The Conversation. La hausse des températures bouleverse en effet les périodes et les voies de migration des oiseaux sauvages. Porteurs de virus, leur présence prolongée, même en hiver, peut favoriser la transmission de pathologies aux animaux d’élevage.
- Aux Etats-Unis, il faudra du temps pour que la crise se stabilise. Expana, un organisme de suivi des matières premières, estime à un an le temps nécessaire à la consolidation des cheptels et, in fine, à la baisse des prix. Le gouvernement américain a récemment déclaré investir 1 milliard de dollars pour aider les producteurs à faire face à l’épidémie. Il s’est également dit prêt à se tourner vers l’importation pour réduire la pénurie d’œufs. En France, où la grippe aviaire a également sévi, la situation serait pour l’instant plus rassurante. Grâce à une campagne de vaccination des volailles menée en 2024, le pays serait davantage protégé face à une éventuelle pénurie d’œufs.
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