Une sucrette dans le café du matin, un soda sans sucre à midi, et un yaourt allégé pour finir le dîner… L’aspartame, un édulcorant destiné à remplacer le sucre, est présent dans quelque 6 000 produits de notre quotidien et même dans 350 médicaments, le plus souvent sous l’étiquette E 951. Pourtant, il a été classé comme “cancérogène possible” par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en juillet 2023.
A l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, ce mardi 4 février, Foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka entendent remettre le sujet sur la table en lançant une pétition dans pas moins de onze pays européens pour demander son interdiction. Dans un communiqué commun, ces associations expliquent que “l’on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas”.
Les industriels à la manœuvre
Outre son potentiel caractère cancérogène, d’autres études ont par ailleurs révélé des risques liés au diabète ou encore à l’accouchement prématuré en lien avec la consommation d’aspartame. Pourtant, il a été réévalué en 2013 par l’EFSA, l’Agence européenne de sécurité des aliments, sans être remis en cause. Comme le note Foodwatch dans son rapport, “près des trois quarts des études sur l’aspartame considérées comme fiables par l’EFSA ont été financées ou influencées par l’industrie agroalimentaire, ce qui remet en cause la crédibilité de l’évaluation des risques, et donc l’approbation de l’aspartame” par cette institution européenne. Ainsi, ces trois associations s’interrogent sur d’éventuels “conflits d’intérêts”.
Il faut dire que les industriels n’ont aucun intérêt à renoncer à cet additif. Dans son documentaire “Les lourds dossiers du light”, le journaliste Daniel Nicolas a ainsi démontré qu’un soda light coûtait vingt fois moins cher à produire que sa version sucrée. De plus, la hausse du prix du sucre en raison de la crise climatique de ces derniers mois n’arrange pas la situation. Selon Foodwatch, l’aspartame permet également aux industriels de continuer à commercialiser des produits sucrés tout en évitant les taxes sur le sucre, imposées dans une centaine de pays.
Ces trois associations n’en sont pas à leur premier coup d’essai. Fin 2019, elles avaient déjà lancé ensemble une campagne contre les sels de nitrites dans l’alimentation, en raison de leur rôle dans l’apparition de certains cancers digestifs. Cette campagne avait conduit certains industriels à modifier leurs recettes. Toutefois, ces additifs restent toujours autorisés dans le traitement des viandes transformées.