C’est un aspect souvent oublié ou en tout cas négligé de la crise climatique : son impact sur les droits humains. Pourtant, d’ores et déjà, ce sont bien des sécheresses, des vagues de chaleur, des inondations, des cyclones et des tempêtes, accentués par le changement climatique, qui provoquent des crises alimentaires, le déplacement de centaines de milliers de personnes ou encore la déscolarisation de millions d’élèves à travers le monde.
Ainsi à Madagascar, où plus de 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, la faim et la pauvreté sont exacerbées par des phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des inondations, des cyclones et des sécheresses, rappelle l’ONG Care dans son rapport annuel sur les crises humanitaires les moins médiatisées en 2024.
Neuf crises sur dix liées au changement climatique
Au Burundi, 298 000 personnes ont été touchées par de graves inondations l’année dernière. “La région était déjà pauvre avant les inondations, elle est maintenant encore plus pauvre car le peu qu’elle avait a été emporté par les eaux”, décrit Juvenal Afurika, directeur de Care au Burundi. En Zambie, 9,8 millions de personnes ont été touchées par la sécheresse.
Dans la très grande majorité des cas, ces crises humanitaires sont liées au climat. “C’est assez flagrant, estime Adéa Guillot sur France Info. Cela fait neuf ans qu’on fait ce rapport. Je crois qu’au début, peut-être trois des dix crises étaient liées au changement climatique. Aujourd’hui, neuf des dix crises sont liées au changement climatique”.
Les 10 crises humanitaires oubliées en 2024
- Angola – 2,2 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire.
- République centrafricaine – Une personne sur cinq est déplacée.
- Madagascar – Plus de 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
- Burkina Faso – La faim aiguë touche 2,7 millions de personnes.
- Burundi – 52% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique.
- Mozambique – 2,8 millions de personnes ne mangent pas à leur faim.
- Cameroun – 60% de la population n’a pas accès à l’eau potable.
- Malawi – 40% de la population souffre de pénuries alimentaires extrêmes.
- Zambie – 9,8 millions de personnes sont touchées par la sécheresse.
- Niger – 4,5 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire
Un élève sur sept déscolarisé
Le changement climatique affecte également l’accès à la scolarisation. Selon un récent rapport de l’Unicef, en 2024, au moins 242 millions d’élèves dans 85 pays ont vu leur scolarité perturbée par des phénomènes climatiques extrêmes. Soit un élève sur sept. Qu’il se soit agi de vagues de chaleur, de cyclones tropicaux, de tempêtes, d’inondations ou de sécheresses, ces événements ont contribué à exacerber une crise de l’apprentissage déjà existante, s’alarme l’institution.
“Les enfants ne peuvent pas se concentrer dans des classes qui n’offrent aucun répit face à la chaleur étouffante, et ils ne peuvent pas non plus se rendre à l’école si la route est sous l’eau ou si leur établissement a été emporté par les crues”, explique Catherine Russell, directrice générale de l’Unicef. La fermeture prolongée des écoles réduit la probabilité de rescolarisation pour les élèves et les expose à un risque accru de mariage précoce et de travail des enfants.
Si l’Asie a été le continent le plus touché, aucune région n’a toutefois été épargnée. Des pluies torrentielles et des inondations ont ainsi frappé l’Italie en septembre, perturbant la scolarité de plus de 900 000 élèves, puis l’Espagne en octobre, interrompant l’éducation de 13 000 enfants. Mais ce n’est pas ce qui fait la Une des médias. A titre d’exemple, la deuxième séparation entre Jennifer Lopez et Ben Affleck a entraîné 60 fois plus d’articles que la crise humanitaire en Angola. Plus de deux millions de personnes y sont touchées par la pire sécheresse que le pays ait connue depuis plus de 40 ans.