Les espoirs de rééquilibrage économique en Nouvelle Calédonie avec une activité de production de nickel pérenne au nord de l’île de Grande Terre, se sont dissipés. Ebranlée en février 2024 par le retrait du géant minier Glencore, l’usine de production Koniambo Nickel SAS (KNS) va fermer définitivement fin août. Au-delà de la perte d’emploi quasi irrémédiable pour les 1700 salariés de l’entreprise, c’est tout un projet de développement durable qui s’effondre. Il était crucial pour les indépendantistes au pouvoir en Nouvelle Calédonie et sa disparition compromet un peu plus le retour à une situation économique saine. Le nickel représente 97% des exportations et 13 000 emplois, directs et indirects dans l’archipel.
Au départ le projet d’usine dépassait la seule production de nickel. Il consistait à pouvoir développer une activité économique prometteuse au nord, territoire plus indépendantiste et défavorisé, et faisait partie intégrante des accords de Nouméa signés en 1997. Glencore a été le principal financeur du projet dans lequel il dit avoir investi plus de quatre milliards de dollars depuis 2013. Il en était aussi l’actionnaire principal à 49 % jusqu’à son retrait en février de cette année.
L’économie de l’île s’enfonce un peu plus dans la crise
L’usine de Koniambo devait aussi être un exemple en matière de développement durable minier en minimisant ses impacts environnementaux et en maximisant ses impacts sociaux positifs. On en voit encore la trace sur le site internet de Glencore où celui dédié à KNS est toujours accessible. Il y est écrit, en français que “la réussite économique n’est pas le seul objectif de Koniambo Nickel qui veut conjuguer son exceptionnelle productivité avec le respect des hommes et de la nature en minimisant ses impacts environnementaux”.
Un procédé innovant d’exploitation du nickel y a été testé et développé mais il ne pourra être repris si les fours sont définitivement arrêtés ce qui doit être fait d’ici octobre. L’activité est déjà très handicapée par la fin des contrats de sous-traitance qui a concerné 400 personnes et entraîné la lente paralysie des hôtels et des restaurants fréquentés par ceux qui venaient en mission à l’usine KNS. L’actionnaire public, Société Minière du Sud Pacifique, détient toujours 51 % du capital et espère encore trouver des repreneurs mais cela reste hypothétique.
Déjà exsangue, l’économie de l’île va s’enfoncer un peu plus dans la crise. Le territoire où l’on compte encore en francs pacifiques dit CPF pour Colonies Françaises du Pacifique est mal en point! Mi- juillet l’Assemblée calédonienne a dû modifier son budget face à d’abyssaux problèmes de trésorerie. Il manquait 32 milliards de CFP (270 millions d’euros) de recettes fiscales à cause des émeutes déclenchées en mai. Or ils sont indispensables pour financer les collectivités et l’ensemble des services publics locaux. L’Etat français a consenti une avance de 12 milliards de CPF (100 millions d’euros) qui doit être remboursée au printemps 2025 mais l’aide financière promise lors de la venue d’Emmanuel Macron sur le territoire se fait attendre. La collectivité territoriale était dès le début de l’année en quasi-faillite et sur les 270 000 résidents de l’île le nombre de départs se multiplie. Le projet d’assigner l’Etat en responsabilité pour les émeutes destructrices puisqu’il n’a pas été en capacité de maintenir l’ordre en Nouvelle Calédonie et d’éviter les destructions de masse, fait son chemin.