Instrument financier permettant aux entreprises de lever de la dette à moindre coût à condition d’atteindre certains objectifs ESG, les Sustainability-linked bonds ne font pas l’unanimité parmi les investisseurs. Même si les pratiques des émetteurs se sont assainies, des questions de fond demeurent sur ce type de montage.
Sur le marché des obligations durables, le trou d’air entraîné par la remontée des taux semble appartenir au passé. Selon Climate Bond Initiative (CBI), les émissions mondiales du premier trimestre ont atteint un niveau record de 273 milliards de dollars au premier trimestre et la barre des 1000 milliards pourrait être pour la première fois franchie cette année. Mais tous les instruments à l’intérieur de la catégorie des obligations durables ne sont pas logés à la même enseigne. Si les Green bonds – qui flèchent les fonds levés spécifiquement vers des projets verts – sont en plein essor, les Sustainability-linked bonds (SLB) continuent de perdre du terrain.
Ces derniers financent non pas un projet en particulier mais l’ensemble du budget de l’entreprise, à l’image d’une obligation traditionnelle. A ceci près que l’émission de ce type de dette est assortie de conditions : si certains objectifs extra-financiers ne sont pas tenus, le taux auquel l’entreprise emprunte augmente. Un montage qui avait enthousiasmé le marché en 2021, quand près de quatre émissions durables sur 10 se faisaient sous ce format en Europe, selon les chiffres de Crédit Agricole CIB. Il n’a aujourd’hui plus la cote, les SLB ne représentant plus que 16% des émissions de dette durable début 2024. Ainsi, les volumes levés s’inscrivent en baisse de 37% sur un an, à 3 milliards de dollars seulement selon les calculs de CBI, qui ne comptabilise toutefois