Après une baisse inédite de ses émissions de gaz à effet de serre en 2023 (-5,8%), la France continue sur cette lancée pour le premier trimestre 2024, selon les données du Citepa, l’organisme mandaté pour réaliser l’inventaire des émissions nationales, avec une baisse de 5,3%. Tous les secteurs sont ici concernés. “Ça montre qu’il y a une dynamique qui est enclenchée”, s’est félicité le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu sur France Bleu, en dévoilant les chiffres.
“Les émissions de gaz à effet de serre sont en baisse de 5,3% en France au 1er trimestre de l’année 2024”, annonce @ChristopheBechu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, au micro de @WendyBouchard dans #MaFrance pic.twitter.com/JT6eXSZqe3
— France Bleu (@francebleu) June 26, 2024
L’énergie, plus forte baisse
Dans le détail, c’est le secteur de l’énergie qui a connu la baisse la plus importante avec une réduction de 16,8%. Et ce alors que la production d’électricité a augmenté. Cela s’explique par le recours réduit à la production d’électricité via les centrales thermiques à base de combustibles fossiles (-31% par rapport au début d’année 2023) en faveur du nucléaire (+13%) ainsi que de l’hydraulique (+48%).
Dans l’industrie manufacturière et la construction, la baisse est de 5,6% au premier trimestre et de 3% dans les transports, y compris dans le transport aérien français (-2,8%). En revanche, le transport aérien international poursuit son envol avec une hausse des émissions de 8,4%, à un niveau toutefois inférieur à celui observé avant la crise sanitaire.
Dans les bâtiments, la baisse est de 7,1% et atteint 7,8% pour les émissions liées au chauffage. Cela s’explique par la poursuite des comportements de sobriété en lien avec l’augmentation des prix de l’électricité dans le cadre de la fin progressive du bouclier tarifaire, mais aussi par un épisode de douceur particulièrement marqué en février.
Conjoncturel ou structurel ?
“Ça va dans le bon sens” mais “il faut redoubler d’efforts et accélérer l’action”, plaide le Réseau Action Climat. Même son de cloche du côté du Haut conseil pour le climat (HCC), qui a publié son rapport annuel le 20 juin dernier. L’organisme appelle le gouvernement à “tenir le cap de la décarbonation”. Il estime également que jusqu’à deux tiers de la baisse des émissions de l’an dernier pouvaient être attribués à la politique publique climatique. Et aussi que “le rythme de baisse des émissions brutes de la France sur la période du 2e budget carbone (2019-2023) se rapproche, sans toutefois encore l’atteindre, du rythme nécessaire à l’atteinte de l’objectif 2030 provisoire du projet de SNBC 3, en cohérence avec la loi européenne sur le climat de juillet 2021 et le cadre Fit for 55 adopté au niveau européen”.
Toutefois, le HCC et les acteurs de la société civile s’inquiètent du “retard de plus d’un an” pris dans la publication des documents cadres relatifs à l’énergie et au climat, entraînant “des dérives de calendrier et un manque de clarté”, et fragilisant “la crédibilité de la politique climatique de la France”. La présentation de la nouvelle stratégie nationale bas-carbone (SNBC 3) pour la période 2024-2033, de la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 3) sur la même période et du nouveau plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC 3), prévue après les élections européennes, a été reportée à après les législatives, début juillet. Avec le risque que tout soit bouleversé en cas de changement de gouvernement à la suite des élections législatives.