Il est l’actionnaire de référence du groupe, avec 11% du capital, il œuvre depuis plusieurs mois pour se positionner en repreneur, d’abord rejeté sans ménagement quand Atos lui préférait de grands groupes comme Airbus, puis vu en sauveur pour éviter la solution proposée par Daniel Kretinsky. Et finalement, David Layani, président fondateur de OnePoint, a jeté l’éponge. Atos avait annoncé le 11 juin, après plusieurs jours de suspense, avoir retenu la solution de reprise proposée par le consortium composé de OnePoint, de l’investisseur Butler Industries et l’entreprise de services numériques Econocom.
Le consortium a annoncé son retrait des négociations sur la restructuration financière du groupe, en déclarant dans un communiqué que “les conditions n’étaient pas réunies pour conclure à un accord ouvrant la voie à une solution pérenne de restructuration financière et de mise en œuvre du projet One Atos“. Ce sont en fait les deux associés de David Layani, Butler Industries et Econocom, qui ont décidé d’arrêter les frais face à l’ampleur de la restructuration financière à accomplir, selon des informations des Echos. Atos se trouve en effet dans une situation complexe coincé entre une dette de près de 4,8 milliards d’euros avec des échéances proches, et des besoins de financement à court terme élevés.
Retour de Daniel Kretinsky
La suite s’annonce de nouveau plus qu’incertaine pour l’avenir d’Atos, alors que les représentants syndicaux du groupe d’ingénierie craignent depuis plusieurs mois le risque de casse sociale. Atos, malgré ce nouveau rebondissement, maintient son objectif de trouver une solution de restructuration d’ici la fin du mois de juillet. Deux possibilités restent désormais en lice. Les acteurs financiers qui détiennent la dette obligataire du groupe, et sur qui une grande partie de l’avenir d’Atos repose, ont déjà annoncé avoir retravaillé leur proposition sans l’offre de OnePoint. Ils déclarent pouvoir restructurer le groupe à eux-seuls en devenant actionnaires.
Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky est également revenu dans la course. Ecarté au profit de David Layani début juin, sa société d’investissement EP Equity Investment a écrit au président d’Atos, Jean-Pierre Mustier, et à l’administratrice judiciaire, Hélène Bourbouloux, pour réitérer son offre. Dans sa lettre, il propose de reprendre les négociations avec les banques et les détenteurs d’obligations du groupe pour restructurer la dette, en leur proposant de monter jusqu’à 49% du capital de la société.
Le risque d’un démantèlement
Ce nouveau rebondissement inattendu dans l’affaire du redressement d’Atos repose la question de l’avenir des activités du groupe. OnePoint, avec sa proposition baptisée “One Atos” prévoyait de conserver quasiment toutes les branches du groupe. Le projet de Daniel Kretinsky, en revanche, prévoyait avant tout de réduire les coûts de fonctionnement de l’entreprise, dont la masse salariale, pour retrouver de la rentabilité, et ne fermait pas la porte à des cessions d’activités. Le milliardaire tchèque est plus intéressé par l’activité historique d’Atos intitulée Tech Foundation, que par Eviden, aux spécialités plus faciles à vendre.
L’Etat français demeure par ailleurs acquéreur des activités stratégiques du groupe, la proposition de racheter les activités militaires, de cybersécurité et de supercalculateur pour 700 millions d’euros étant toujours en cours. Atos doit par ailleurs signer une convention avec l’Etat pour lui donner accès à la gouvernance de sa division Bull, afin de protéger les activités souveraines sensibles. Là encore, l’incertitude plane sur ces engagements, qui devront être portés ou non par le prochain gouvernement.