Les fonds de pension des entreprises américaines de la tech ne sont pas assez verts… et ce sont les futurs retraités qui en ont pâti ! Des chercheurs de l’université de Waterloo, au Canada, en partenariat avec l’organisation As You Sow, ont décortiqué les investissements des fonds de pension proposés aux salariés de douze sociétés, dont Amazon, Apple, Meta, Microsoft, Google, Netflix, etc., sur les dix dernières années. Ils ont ensuite estimé les performances de ces fonds avec et sans énergies fossiles afin d’évaluer les gains et les pertes des épargnants.
“Les employés des grandes entreprises de la tech ont perdu 5 milliards de dollars en étant forcés d’investir dans les entreprises des énergies fossiles ces dix dernières années“, explique dans un billet LinkedIn Alex Wright-Gladstein, fondatrice de Sphere, un cabinet de conseil en investissement climatique pour la retraite. “Et pourtant, trop de gens continuent de penser qu’ils doivent choisir entre investir en faveur du climat ou investir pour de bons rendements, continue-t-elle. Ce nouveau rapport de l’université de Waterloo montre que cela ne pourrait pas être plus éloigné de la vérité.”
Plus d’un milliard de dollars de pertes potentielles pour les salariés de Google
Selon As You Sow, le secteur énergétique est celui qui a enregistré le moins bon parcours boursier de l’indice S&P500 sur les dix dernières années. Les deux millions d’employés qui épargnent pour leur retraite auraient ainsi pu bénéficier d’une meilleure pension si leur argent avait été orienté vers des fonds excluant les énergies fossiles. Ceux-ci auraient enregistré une surperformance de 8,9% sur les dix années étudiées, par rapport aux fonds traditionnels. Un manque à gagner important, quand on sait qu’environ un tiers des économies des ménages américains sont constituées de cette épargne-retraite.
Les employés de Google ont le plus perdu d’argent selon le rapport, les pertes potentielles des fonds de pension proposés par la firme californienne atteignant 1,15 milliard de dollars. As You Sow souligne pourtant la politique climatique du géant de la tech, qui affiche vouloir agir pour réduire son impact climatique. “Les grandes entreprises de la tech pourraient facilement demander aux sociétés de gestion telles que Vanguard ou Blackrock de proposer des options de fonds plus durables pour que leurs employés évitent ces participations sous-performantes et risquées”, déclare dans un communiqué Andrew Behar, le dirigeant d’As You Sow.
Plusieurs initiatives pour verdir les retraites
L’organisation spécialisée dans le dialogue actionnarial a régulièrement déposé des résolutions aux Assemblées générales d’entreprises comme Amazon, Comcast, ou encore Alphabet, pour leur demander de verdir leurs plans d’épargne retraite. Et cette initiative n’est pas isolée. Au Royaume-Uni, des organisations comme UK Divest ou Make my money matter incite les citoyens à demander aux fonds de pension de sortir des énergies fossiles pour réduire l’impact de leur retraite sur le changement climatique.
Selon Make my money matter, 88 milliards de livres sterling sur les 3 000 milliards gérés par les fonds de pension britanniques, sont investis dans les énergies fossiles. L’organisation a multiplié les campagnes de publicité pour sensibiliser les épargnants, à grand renfort de stars du cinéma comme Olivia Colman ou Kit Harrington. Elle met à disposition sur son site des formulaires pour contacter directement les fonds de pension.
La France ne dispose pas de fonds de pension pour les salariés, le système de retraite étant public. Mais une campagne similaire a lieu à propos de l’épargne salariale. Près de 1 200 employés d’Orange, Alstom et Ubisoft ont interpelé Amundi, l’un des plus grands gestionnaires des fonds d’épargne salariale, pour lui demander de sortir des énergies fossiles.