Le vert de la taxonomie vire au kaki, en y intégrant des activités brunes. C’est le constat posé par Andreas Hoepner, professeur de finance à l’université de Dublin en Irlande et ancien membre du TEG, le groupe d’expert ayant contribué à l’élaboration du plan d’action européen sur la finance durable. Le projet d’acte délégué complémentaire ayant fuité le 31 décembre l’a fait sortir de ses gonds et il n’hésite pas à le qualifier de "Taxonomygate", en référence au scandale du Dieselgate.
L’ancien membre du TEG s’est prêté à l’analyse de l’acte délégué pour en déterminer le potentiel d’émissions de gaz à effet de serre. Le résultat est inquiétant, selon lui. "Jusqu’à 1,4 milliard d’émissions de CO2 "vert" avec le gaz", estime-t-il. Sarcastique, il estime qu’intégrer le gaz dans une taxonomie d’activités vertes équivaut à "définir des frites comme étant de la salade" !
Pour faire son calcul, Andreas Hoepner compte le nombre de centrale électrique au charbon en Europe (166), leur capacité (112 gigawatts) et ce que leur remplacement par des centrales fonctionnant au gaz, selon les critères inscrits dans le projet d’acte délégué, produirait comme émissions de CO2. "Ce chiffre est si grand qu’il excède le total d’émissions de CO2 reportées par la France au cours des trois dernières années", compare-t-il.
Un défaut dans l’édificeL’auteur