"Il est presque déjà trop tard quand on parle de risque [climatique] […] La menace est là" a déclaré le président Emmanuel Macron au micro de France Info, dans un entretien diffusé le 27 juillet dans le cadre de sa visite en Polynésie française. "Ce qu’il faut construire pour ces atolls, c’est la résilience" a t-il ajouté. Liant la parole à l’action, Emmanuel Macron a inauguré le chantier d’un abri de survie sur le territoire de Manihi, dans l’objectif de protéger les habitants des cyclones qui sévissent déjà et menacent de se multiplier et d’être plus dévastateurs avec le réchauffement climatique.
Au total, 17 abris devraient être construits d’ici 2027 dans l’archipel des Tuamotu pour un investissement de 50 millions d’euros, financé à parts égales par l’Etat et la Polynésie française. Les Tuamotu sont déjà équipés de 27 abris, mais 8 000 habitants ne sont pas encore protégés. Le Président a insisté sur la nécessité de construire le même type d’infrastructures aux Antilles.
Mais le risque ne concerne pas seulement les îles, a ajouté Emmanuel Macron. La métropole doit elle aussi se prémunir des inévitables conséquences du dérèglement climatique. Il faut "nous équiper pour faire face aux grandes chaleurs qui peuvent arriver sur des périodes plus ou moins longues dans nos latitudes " et "nous permettre aussi d’équiper nos hôpitaux, nos écoles, nos maisons de retraite", a-t-il détaillé, estimant que "dans le plan de relance, on a cela".
Lorsqu’on parle des conséquences du dérèglement climatique, on parle de vies. Pour la première fois, le Gouvernement français et la Polynésie ont passé un contrat de 50 millions d’euros pour la construction de 17 abris afin de protéger en cas de cyclone. pic.twitter.com/v9ORjZTegj
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) July 27, 2021
La "chance" du nucléaire en France
L’autre étape essentielle pour répondre au dérèglement climatique, c’est de continuer à "réduire nos émissions de CO2" a ajouté le Président. "C’est toute la stratégie dans laquelle nous sommes engagés nous Français et nous Européens" a-t-il assuré. Le Parlement français a récemment adopté la loi Climat et résilience qui doit permettre de réduire les émissions sur le territoire de 40% d’ici 2030. Mi juillet, la Commission européenne a quant à elle présenté son plan de bataille pour atteindre une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre à la fin de la décennie.
Dans ce contexte, le chef de l’État a estimé que "la France a une chance, quand on parle d’émission de gaz à effet de serre, c’est le nucléaire". "Nous sommes le pays d’Europe qui a le moins de tonnes de CO2 émises par habitant. Pourquoi ? Parce qu’historiquement, nous avons le nucléaire."
Les éoliennes au "cas par cas"
Mais le chef de l’Etat a également souligné la nécessité de développer les renouvelables, "la biomasse, la géothermie, le solaire et l’éolien". Avec prudence. Conscient des tensions concernant l’éolien, Emmanuel Macron mise sur le "cas par cas". Le Sénat français souhaite notamment donner un droit de véto aux maires sur l’implantation d’éoliennes sur leur territoire. "Je pense qu’il faut, comme partout, écouter" et "améliorer la concertation locale" a déclaré le Président. "Il ne faut tomber dans aucune caricature, il y a des endroits où on pourra encore faire des projets d’éoliennes parce qu’ils sont adaptés et pertinents, il y a des endroits qui sont déjà bien dotés et où il n’y a pas de consensus et donc, oui, il faudra nous-même construire des stratégies alternatives."
Emmanuel Macron a également appuyé sa volonté de développer le solaire, notamment sur des friches militaires. Selon le chef de l’État, le solaire présente l’avantage de provoquer "moins de nuisances", en particulier "visuelles". "Je ne veux pas qu’on abîme nos paysages", a confié le président, "c’est une part de notre patrimoine et de notre richesse profonde, de notre identité".
Pauline Fricot, @PaulineFricot