Publié le 9 mai 2020
Le Covid-19 va-t-il tuer les open spaces ? Apparus dans les années 70, ils se sont généralisés dans les années 2000 et ont la particularité d’avoir tout autant suscité l’enthousiasme des patrons que les critiques des salariés. Mais à l’origine, cette organisation n’avait pas la froideur et les inconvénients qu’on lui connaît : les Allemands, qui en sont à l’origine, voyaient dans ces "bureaux paysagers", des lieux espacés où les salariés s’épanouissaient au milieu des plantes…

Ça partait pourtant bien… Quand les frères Eberhard et Wolfgang Schnelle imaginent les ancêtres de l’Open spaces dans les années 50, ils nous parlent en réalité de "bureaux paysagers". La promesse de ces deux consultants allemands est belle : travailler dans des espaces généreux, délimités par de nombreuses plantes vertes, où les collaborateurs peuvent facilement communiquer entre eux et "s’ouvrir l’esprit". Une logique dans la lignée du travail de ces consultants connus pour avoir construit la méthode de facilitation et de résolution des problèmes Métaplan.
Le concept fait rapidement florès dans les bureaux américains, où le secteur des services explose, mais tarde à s’implanter en Europe. Il faut attendre les années 90 pour que ceux-ci commencent à avoir vraiment la cote dans les sièges sociaux… Aujourd’hui en France plus de 20 % des espaces de travail sont configurés sur ce modèle. Dans certains secteurs comme celui des nouvelles technologies ou des startups, il s’est "convialisé" avec des espaces de repos et de divertissement, dans d’autres, il s’est au contraire déshumanisé à l’extrême en faisant disparaître tout bureau attitré (flex office).
Le covid-19 va-t-il tuer l’open space ?
Mais malgré ses aménagements et sa généralisation, l’open space divise. Il est plébiscité par les directions qui y voient une maîtrise des coûts, un décloisonnement des équipes et une émulation des esprits en faisant tomber les cloisons physiques, mais provoque un bien moindre enthousiasme du côté des travailleurs. Concentration difficile, déshumanisation de l’espace de travail, fausse convivialité et, paradoxalement, difficulté à communiquer de façon directe avec ses collègues…les critiques fusent contre le grand espace commun de travail.
"L’open space m’a tuer", écriront même Alexandre Des Isnards et Thomas Zuber, dans un livre à succès paru en 2008. Et le désamour s’accroît au fil des années. Selon différentes études, le plateau de travail, même avec un babyfoot, ne fait plus rêver, y compris les millenials. 83 % des jeunes diplômés insistent au contraire sur l’importance d’avoir un bureau attitré, selon un sondage de l’école de management ESSEC réalisé en 2018.
Mais c’est finalement le Covid-19 qui pourrait donner le coup de grâce. Avec l’avènement du principe de "distanciation physique" et les mesures préconisées par les gouvernements pour assurer la protection sanitaire des collaborateurs, la proximité entre les bureaux n’a plus la cote en période de pandémie. Selon une étude suédoise, on a d’ailleurs deux fois plus de chance de poser un arrêt maladie en travaillant en open-space qu’en bureau fermé…
Béatrice Héraud, @beatriceheraud

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